J’ai dix ans. J’entends des cris, des coups, j’ai peur. Je cours me réfugier chez ma tante avec mes deux petits frères. Ces souvenirs ont marqué mon enfance et ont fait naître en moi la certitude que jamais je ne ferai vivre cela à ma famille.
J’ai toujours eu envie de m’occuper d’enfants, de les protéger, tout comme j’aurais aimé l’être. Exercer le métier d’assistante familiale était alors un réel souhait. En 1993, mon mari et moi décidons de soumettre ma demande d’agrément auprès de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). En mars 1995, alors que nos enfants sont âgés de treize, dix et huit ans, une petite fille vient élargir notre cercle familial. Elle s’appelle Aurore, elle a trois ans et demi. Chacun doit s’adapter pour l’intégrer du mieux possible. Ce n’est simple ni pour moi, ni pour elle qui découvre un tout autre fonctionnement auprès de nouvelles personnes.
Dans le même temps arrive Mégane, un chiot labrador qui est d’un grand réconfort auprès d’Aurore. En effet, six mois après son arrivée chez nous, ses deux parents décèdent. Notre objectif est alors de l’accompagner au mieux dans ces deuils. Aujourd’hui, Aurore a vingt-neuf ans et nous l’avons officiellement adoptée.
En 25 ans de carrière, nous avons accueilli chez nous six enfants en placement de longue durée. Mes objectifs ont toujours été de