Contrairement à l’idée reçue, la mémoire ne se « muscle » pas. Certains ont une bonne mémoire, d’autres pas. Heureusement, face à cette apparente injustice, il est possible de compenser. Car la mémoire ne siège pas dans une zone cérébrale unique. Elle s’appuie sur de nombreux réseaux neuronaux, connectés entre eux. Et l’amélioration des connexions entre les neurones, par différentes techniques, va permettre de faire évoluer notre capacité à mémoriser – c’est ce que l’on appelle la plasticité synaptique.

Des mémoires multiples
Mais de quelle mémoire parle-t-on ? Selon ce que l’on a à accomplir, notre cerveau va mobiliser différents types de mémoire, liés aux sens, aux souvenirs ou aux concepts généraux : procédurale, sémantique, perceptive, mémoire de travail ou à long terme… Mais pour apprendre, il y a deux types de mémoire qui vont collaborer :
– la mémoire à court terme (ou mémoire de travail) : c’est celle qui permet de retenir le code d’entrée de son médecin ou un numéro de téléphone, le temps de le taper…et de l’oublier. Sa capacité va d’une demi-seconde à 10 minutes tout au plus. Il est communément admis que la mémoire à court terme peut retenir jusqu’à sept items en même temps (chiffres, noms…).
– la mémoire à long terme : comme son nom l’indique, sa capacité est plus pérenne dans le temps – de quelques heures à quelques décennies.
Le passage de l’une à l’autre se fait grâce à une structure précise du cerveau – l’hippocampe – qui va agir comme une gare de triage pour faire passer les informations récentes de la mémoire à court terme vers la mémoire à long terme. Et uniquement si cela est utile, nécessaire et que nous le provoquons.

Pour permettre ce passage, il faut bien comprendre les trois étapes indispensables à la mémorisation : encoder, stocker et restituer. En agissant consciemment à chacune de ces étapes, on va faire progresser sa capacité à mémoriser !

L’encodage : bien réussir l’entrée des informations
C’est la première étape qui conditionne le succès de la dernière : la restitution. Une information correctement enregistrée ressortira d’autant plus facilement. Pour cela, on peut faire appel à nos capacités sensorielles pour encoder les informations. Certains ont une capacité à mémoriser qui repose davantage sur la vue, d’autres ont besoin de lire à haute voix pour entendre et intégrer les données, d’autres encore ont besoin d’écrire…

Des études sur l’apprentissage ont montré qu’on retient :
– 10% de ce qu’on lit
– 20% de ce qu’on entend (et qu’on se redit)
– 30% de ce qu’on voit – et que l’on revoit mentalement
– 50% de ce qu’on lit, voit et entend.
A ce titre, apprendre en travaillant avec un « écran mental » est un procédé performant : les yeux fermés, on visualise un écran imaginaire devant soi, ou au niveau de son front, et on y écrit (à la craie ou au feutre) les mots, noms, dates ou chiffres que l’on doit retenir. On « photographie » mentalement cet écran, et on lit à plusieurs reprises à voix haute ces données pour bien les enregistrer.

D’autres moyens mnémotechniques existent, comme celui du palais mental (voir ci-dessous*).

Le stockage : l’indispensable consolidation
Une fois les informations correctement enregistrées, encore faut-il qu’elles restent dans le cerveau – et si possible longtemps ! On stocke d’autant mieux si l’on consolide les données acquises. La consolidation repose principalement sur la répétition – d’où l’intérêt des révisions. Plus on répète, et plus le cerveau estime que l’information est utile, il va donc la stocker durablement. Attention il ne s’agit pas de la bête répétition du « par cœur », mais une répétition intelligente, organisée et espacée.

Retenez cette règle simple :
– si je revois une information au moins deux fois sur une même journée, mon cerveau va la garder en mémoire une semaine,
– si je répète ensuite la même information au moins deux fois sur une même semaine, il la conserve pendant un mois,
– si je la revois enfin au moins deux fois par mois, il maintient son stockage pendant 6 mois.

Il est également évident que l’on retient mieux si l’information est importante pour nous, ou si elle nous intéresse. Toute expérience associée à l’apprentissage améliore aussi le stockage : dessiner, faire des fiches, expérimenter soi-même…tout comme la personnalité de l’enseignant ou le contexte dans lequel on a appris.
Enfin – last not least – est-il utile de rappeler que le sommeil participe au stockage ? Relire le soir et bien dormir améliore la mémorisation.

La restitution : le bouquet final
Avouons-le, si vous apprenez, c’est pour pouvoir utiliser ensuite les données acquises – ou les réciter. Si elles restent bloquées dans votre cerveau par un « trou de mémoire », c’est comme si vous n’aviez rien fait. Rageant !

Pour bien se rappeler, il y a deux conditions :
– un encodage pertinent, avec des moyens simples qui permettent une restitution facile (visualisation, associations de mots et d’images, palais mental…).
– un état de calme. Réciter ou se souvenir, devant une feuille ou un jury s’avère stressant. Or le stress et la mémoire ne font pas bon ménage. Le stress, en activant les amygdales cérébrales comme des alarmes, empêche l’hippocampe de fonctionner correctement. Les données restent bloquées !

Tous les moyens sont bons pour restaurer le calme rapidement – que l’on passe à l’écrit ou à l’oral : se reconcentrer sur soi, ressentir son souffle, le ralentir, pratiquer de la respiration abdominale ou un peu de cohérence cardiaque…

N’oubliez pas non plus nos stratégies « hygiène de vie » pour parfaire votre programme. Belles révisions à tous !

* Le palais mental : l’arme absolue pour encoder
Si, comme moi, vous êtes fan de Sherlock Holmes, vous avez déjà entendu parler du palais mental : un moyen mnémotechnique pour enregistrer n’importe quelle information dont on veut se souvenir.
Pour cela, trouvez d’abord « votre » palais : un lieu que vous connaissez bien et dont vous avez une mémoire précise. La mémoire des lieux est une des plus puissante qui existe.
Pour ma part, j’ai choisi l’appartement de ma tante, dans lequel j’ai passé une partie de mon enfance. Mentalement, je peux « visiter » cet appartement que je connais par cœur, et je le fais toujours de la gauche vers la droite, à partir de l’entrée. J’y ai ainsi isolé dix zones : la chambre de mon cousin, un petit salon, la salle à manger, les toilettes, la chambre de ma tante, la cuisine, le couloir dans lequel trône un superbe canapé, le miroir gigantesque qui le surplombe, la salle de bain et le porte-manteau de l’entrée. En fonction de ce que je veux retenir, je vais associer chaque item à une pièce, en créant à chaque fois une image ou une association d’idées. Au moment de restituer, il suffit de repasser dans chaque pièce, dans l’ordre, pour se reconnecter à l’histoire et faire revenir l’information.

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