Décembre est un mois épuisant dans lequel on accumule les choses à faire, en cochant la liste des cadeaux et la liste des courses, dans un contexte de fatigue, de froid et de petits virus en folie. Un marathon épuisant ! Difficile d’échapper aux diktats et injonctions sur la bienveillance, la chaleur à partager et la tolérance à tout va. Autant d’attentes plus ou moins conscientes, mais qui pèsent lourd sur notre équilibre émotionnel. Alors que l’on devrait profiter de ce temps – défini d’ailleurs comme une « trêve – pour récupérer et se reposer, on s’agite encore plus, en espérant produire le meilleur pour faire plaisir aux autres.
Or, ce qui pèse le plus lourd n’est pas toujours ce que l’on fait, mais ce que l’on croit devoir faire. Derrière la fatigue de fin d’année se cachent souvent des attentes invisibles, mais extrêmement énergétivores sur le plan émotionnel.
Ces attentes qui nous gâchent le plaisir
Les attentes qui parasitent les fêtes s’expriment sous plusieurs formes. En premier lieu, il y a les attentes des autres : la famille qui impose une présence sans faille, les proches qui projettent leur propre vision des fêtes – qui se reflète jusque dans le choix du menu, le milieu professionnel qui exige de « tenir jusqu’au bout ». C’est le fameux « people pleasing », la tendance à faire les choses d’abord pour faire plaisir aux autres.
Et puis il y a les attentes que l’on nourrit soi-même, parfois sans même s’en rendre compte : réussir ces fêtes, être à la hauteur du rôle que l’on s’est assigné, finir l’année sur une note forcément positive, sourire pour ne pas décevoir, être joyeux, montrer que l’on va bien…
Toutes ces attentes ne sont pas toujours formulées aussi clairement. Elles s’installent insidieusement, portées par les habitudes, les traditions familiales, les comparaisons et toutes ces images idéalisées, véhiculées partout en fin d’année. Mais il y a un moment où le corps et l’esprit tirent la sonnette d’alarme.
Une surcharge émotionnelle ne se manifeste pas toujours par un grand stress visible. Elle se traduit souvent par des signaux plus discrets : une fatigue qui ne passe pas, un rhume qui traîne, une irritabilité inhabituelle, une hypersensibilité, des ruminations qui bousillent le sommeil, ou encore une difficulté à se réjouir de ce qui devrait pourtant faire plaisir. A croire qu’on n’est pas normal(e) !
Il faut prendre ces signes comme autant d’indicateurs. Ils alertent que quelque chose est en déséquilibre, que l’on donne trop sans se recharger, ou que l’on vit davantage en fonction des attentes idéalisées que de ses besoins réels.
Mode détox : activé
N’attendez pas d’être au bout du rouleau pour réagir. Vous pouvez instaurer dès maintenant une phase de détox en, trois phases.
1- Prise de conscience
Comme avec beaucoup de sujets en lien avec l’équilibre ou la santé mentale dont nous avons parlé cette année sur le blog, la première étape est souvent celle de la prise de conscience. Il suffit parfois de se poser cette simple question : « Cette attente est-elle vraiment la mienne ? »
Prendre un moment pour identifier ce que l’on attend de soi, ce que les autres attendent de nous, et ce que l’on choisit réellement d’assumer permet de faire un tri conscientisé et de reprendre une forme de pouvoir intérieur. Ai-je encore envie de suivre cette règle-là ? Il ne s’agit pas de tout rejeter, mais de faire des choix assumés, plutôt que de subir des obligations implicites.
2- Poser des limites
Ceci fait, il va falloir poser des limites, sans se sentir égoïste. Une démarche difficile dans une période censée être fondamentalement altruiste et désintéressée.
Dire non reste l’un des exercices les plus difficiles. Beaucoup confondent encore limites et rejet, alors que poser un cadre clair est souvent ce qui permet de préserver la relation sur le long terme. On peut refuser – ou émettre une opinion divergente – avec politesse, bienveillance, douceur, courtoisie…
Poser des limites à ce que l’on a envie de vivre sur le plan émotionnel peut prendre des formes simples : réduire le temps qu’on donne aux autres, limiter sa disponibilité, refuser certaines sollicitations, ou s’autoriser des temps de repos non négociables. Inutile de se justifier à l’excès : plus on se justifie, plus la culpabilité s’installe.
S’il paraît facile de prendre de la distance avec des personnalités toxiques ou manipulatrices, c’est beaucoup plus difficile avec des personnes bienveillantes, qui font des propositions généreuses – en tout cas de leur point de vue. Mettre des limites n’est pas un manque de générosité, ni de l’égoïsme. C’est une condition essentielle pour rester disponible pour ce qui le mérite vraiment. Et cela parle aussi du respect de soi et du consentement, un sujet sur lequel il parait difficile de négocier.
3. Retour à soi
Ensuite, il peut être extrêmement bénéfique de s’autoriser des parenthèses de retour à soi.
La détox émotionnelle ne passe pas par de grands changements spectaculaires, mais par de petites pratiques régulières de récupération qui nous font du bien à nous : quelques minutes de respiration consciente, un temps d’écriture pour déposer sur le papier ce qui encombre l’esprit, des moments sans écrans ni sollicitations, ou tout simplement un respect plus attentif de ses besoins de sommeil et de calme. Ces petites haltes ouvrent des espaces de recharge émotionnelle, indispensables dans une période souvent surchargée.
Faire une détox émotionnelle de fin d’année, ce n’est pas se couper des autres, mais aussi se reconnecter à soi. C’est terminer l’année non pas en conformité avec des stéréotypes extérieurs, mais avec un sentiment de justesse et d’équilibre intérieur.
La fin d’année n’est pas un examen à réussir, mais un moment pour laisser retomber ce qui n’a plus lieu d’être, sans forcer le bilan, ni la projection. Renoncer à l’idéal de fêtes parfaites, c’est s’autoriser à vivre des moments plus authentiques.
