À travers des arts variés, on permet à des personnes qui ont un trouble traumatique de retrouver de la clarté dans leur tête, dans leur être. Là où les mots ne suffisent plus pour nommer les émotions et les débloquer, l’art aide de manière sécurisée à faire face à ce qui ne va pas.

Un travail complémentaire Mon sujet, ce sont les traumatismes sexuels. Les personnes concernées vivent des amnésies traumatiques, à la même échelle qu’un trauma de guerre ou d’autres choses qui atteignent au plus profond. Par l’amnésie, l’inconscient permet que l’on puisse survivre. Mais quand c’est le « bon » moment, la mémoire resurgit et c’est le drame : un trop-plein d’émotions, un dérèglement du corps, avec des flashs de souvenirs qui reviennent… Les psys sont là pour recueillir la parole, mais nous, art-thérapeutes, nous complétons ce travail, surtout dans le moment de la reconstruction, quand la personne a déjà pu exprimer certaines choses. Ce qu’elle n’a pas encore pu dire et qui l’empêche de poser une action nécessaire, l’art-thérapie peut aider à y mettre de l’ordre.

Sagesse 

Lors d’une séance de deux heures, je ne laisse que quinze minutes à la parole. Pour le reste, on choisit un média artistique en fonction de ce qui a été dit, en relation aussi avec le non-verbal, l’intonation de la voix. Je propose un travail créatif. Il s’agit d’aller dans le monde intérieur par la symbolique. On extériorise des éléments que la personne analyse alors, avec ses codes. J’évite le plus possible de donner mon interprétation de l’œuvre : les gens trouvent leurs propres outils et expérimentent une sagesse qui émane d’eux.

Face aux quêtes d’absolu 

Dans leur reconstruction, ces personnes se posent des questions spirituelles profondes, avec tout le potentiel de dérives sectaires qu’on peut imaginer. On est tellement brisé quand on a vécu ces atteintes qu’il y a l’envie de tout reconstruire dans une quête d’absolu, de sainteté… Je suis chrétienne, je peux répondre à certaines questions, mais j’ai voulu m’engager dans des études de théologie pour avoir la bonne distance et plusieurs niveaux de lecture.

Par Joyna Moon, art-thérapeute