Notre dernier numéro avant la coupure de l’été est consacré au thème du « lâcher-prise ». Pour l’introduire avec une note de légèreté, nous pouvons raconter l’histoire du petit oiseau qui se tient sur le dos, les pattes en l’air. Lorsqu’un autre oiseau lui demande ce qu’il fait, il répond : « Je tiens le ciel. » « Tu es fou, ce n’est pas utile », rétorque le second. Mais le premier oiseau s’entête : « Il faut bien quelqu’un pour tenir le ciel ! » Peu après, un chat fait irruption près de l’oiseau qui tient le ciel. Effrayé, celui-ci s’envole. Miracle des miracles, bien qu’il ne fût plus tenu par l’oiseau, le ciel n’est pas tombé ! Trop souvent, nous ressemblons à cet oiseau. Nous nous croyons indispensables alors que la parabole du serviteur ordinaire nous rappelle qu’une fois que nous avons fait tout ce qu’il fallait, nous ne devons pas nous considérer autrement que comme des serviteurs inutiles (Lc 17, 7-10). Le lâcher-prise est un acte de confiance et une œuvre d’humilité. La confiance ne se décrète pas, elle se pratique. C’est à chacun de faire l’expérience que le monde continue à tourner quand on arrête de tenir le ciel.

Joseph Sitruk (1944-2016) a été grand […]