Nous n’avons jamais autant apprécié le contact avec la nature que depuis que nous avons été privés d’aller et venir à notre guise. Si certains ont fait le choix de quitter la ville pour se rapprocher d’une vie plus en contact avec l’essentiel, d’autres ont opté pour des activités qui rapprochent de la nature.
Et si on profitait de l’été pour s’y mettre ?

On ne compte plus les nombreux bienfaits de la marche, largement recensés par la médecine : bonne pour le cœur, la respiration, alliée de notre poids et de notre forme physique, équilibrante pour notre esprit, déclencheuse d’hormones qui agissent sur notre humeur ; elle aurait aussi des effets sur notre mémoire et notre créativité et réduirait les risques de maladies cardio-vasculaires et de cancers.
L’un des ses avantages est sa mise en œuvre simplissime. On peut marcher partout, à n’importe quel moment et avec très peu d’accessoires.

La marche dans la nature procure des effets encore supérieurs. Elle aide à se déconnecter, en étant dans la pleine conscience des sensations provoquées par l’environnement, mais elle libère aussi la réflexion. Lorsque le corps est en mouvement, l’esprit est plus alerte. Depuis Aristote, en passant par Jean-Jacques Rousseau ou Nietzsche, les philosophes nous incitent à déambuler pour mieux méditer, et si nos pas peuvent nous emmener au contact des éléments naturels, c’est encore mieux. Les Japonais en sont d’ailleurs friands, avec leurs « bains de forêt ».

Comment pratiquer ?

Chacun peut s’y mettre selon ses capacités, sa corpulence ou son âge, car cette activité se régule facilement. Le plan national nutrition santé donne des préconisations faciles à suivre, comme celle de commencer par 30 minutes de marche quotidienne, à son rythme.

Le postulat de base reste cependant de profiter pleinement du paysage dans lequel on évolue, que l’on soit dans un parc (la nature se débusque aussi en ville), un bois, à la montagne, en rase campagne ou sur la plage. Donc, on laisse volontairement de côté son téléphone, ses écouteurs et sa playlist, et on « absorbe » tout ce que l’on ressent : couleurs, formes, odeurs, sons, sensations tactiles (fraîcheur, chaleur, humidité…). On marche en ne faisant « que » cela, à la manière de la marche en pleine conscience que préconisait le moine bouddhiste Tich Nhat Hanh.

La marche nordique connaît un succès constant, car sa pratique est accessible à tout âge. Certains sites s’en sont fait une spécialité, comme pratique-marche-nordique.fr, ainsi que des chaînes YouTube qui montrent les gestes de base (comme Marchons nordique ou encore Sikana).

On ne compte plus non plus les propositions de randonnées, dont certains séjours « randonnées et jeûne » qui invitent à vivre la légèreté de manière très concrète (en s’assurant toutefois au préalable que sa santé le permet). A consulter pour s’informer, choisir son parcours, son matériel ou un club pour randonner à plusieurs : nousrandonnons.com, fédération de randonnée pédestre, jeûne et bien-être, jeûne et randonnée

Enfin, l’itinéraire initiatique de marche par excellence est sans doute le pèlerinage, auquel de plus en plus de néophytes s’attaquent, qu’ils soient dans une démarche spirituelle ou non. Une expérience physique et intérieure, à laquelle il est néanmoins très prudent de se préparer, seul ou à plusieurs. Quelques sites à visiter : chemin-compostelle.info, via-compostela.com, chemindecompostelle.com ou encore santiagooo.com.

L’exercice à essayer : marcher en conscience

Quel que soit l’endroit où vous vous trouvez, commencez par marcher en portant votre attention sur vos pas : appuis, équilibre, bruits sur le sol…

Faites-le pendant environ 5 minutes, en ramenant votre attention sur ces perceptions sensorielles uniquement, en particulier dès que votre esprit s’échappe vers des contingences matérielles, ou que votre mental contrôlant cherche à reprendre le dessus.
Fixez l’horizon, laissez vos pensées gambader. Assurez-vous que vos épaules sont relâchées, et que vos bras balancent naturellement, sans effort. Desserrez votre mâchoire, soupirez.

Portez votre attention sur votre souffle : vous inspirez lentement par le nez, vous expirez tranquillement par la bouche. Si le mental tente à nouveau de reprendre la barre, maintenez votre concentration sur le bruit de votre respiration.
Ensuite, vous pouvez décider de synchroniser marche et souffle : vous inspirez sur 3 à 4 pas, vous expirez sur 3 à 4 pas. Profitez.

Un peu de lecture

Quelques livres d’écrivains ou philosophes « marcheurs » pour vous inspirer, ou à glisser dans votre sac à dos :

  • Voyage avec un âne dans les Cévennes, de Robert-Louis Stevenson.
    Ce récit qui date du XIXème siècle est un classique, qui relate le séjour de l’écrivain anglais au cœur brisé, et de son compagnon a quatre pattes, et a inspiré le film « Antoinette dans les Cévennes ».
  • Marcher : éloge des chemins et de la lenteur, de David Le Breton (Métailié, 2012).
    Le constat d’un enseignant en sociologie : « tout chemin est enfoui en soi avant de se décliner sous nos pas (…) la marche ouvre à chaque fois à une expérience et à une transformation heureuse de soi. »
  • Ecrivains randonneurs, d’Antoine de Baecque (Omnibus, 2013).
    Un recueil des plus beaux textes d’écrivains à propos de la marche.
  • Sauvage par nature, de Sarah Marquis (Michel Lafon, 2014).
    L’auteure fait le récit de ses trois années d’errance volontaire et solitaire, de la Sibérie à l’Australie.
  • Je marche donc je pense, de Roger-Pol Droit et Yves Agid (Albin Michel, 2022).
    Ils sont philosophe et neurologue et amis et discourent au cours de leurs marches, sur quatre saisons et à travers bois et champs.
  • Un protestant sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, de Ludovic Walker (Amazon, 2020). Comme son titre l’indique, l’auteur au nom prédestiné se lance sur le chemin sans préparation, mais armé de sa foi.
  • Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi, de Jean-Christophe Rufin (Gallimard, 2014). L’écrivain-auteur-diplomate prend la route de Santiago, sans trop savoir pourquoi. Chemin faisant, il mène son récit entre galerie de portraits et voyage intérieur, non sans un certain humour.