Dans notre monde « fini » nous devons préserver nos ressources – comme l’eau – mais aussi limiter les déchets que nous rejetons dans la nature – déchets qu’il faut trier, recycler ou à défaut incinérer ou enterrer. Peut-on viser le « zéro déchet » quand on est une famille urbaine classique ? Un défi au quotidien (avec râles d’ados en prime…).

Les chantres du zéro déchet ont leur objectif : avoir la plus petite poubelle possible. J’ai déjà eu l’occasion de présenter Béa Johnson, cette Française qui vit aux Etats-Unis et dont la famille de 4 personnes ne « produit » que l’équivalent d’un bocal en verre d’un litre de déchets non recyclables. Si elle est la championne du tri sélectif, elle est aussi une consommatrice impitoyable, qui s’interroge bien avant ses courses pour s’orienter vers des produits sans emballages ni impact écologique. Alors, on essaie ?

J’allège mes courses

On commencera bien sûr par avoir à disposition les sacs réutilisables. Perso, j’en ai toujours un, en nylon, plié au fond de mon sac. Il y en a aussi en permanence dans le coffre de ma voiture. Notez que c’est toujours le jour où vous les avez oubliés qu’il vous faut justement des courses indispensables…

On peut ensuite se tourner vers les produits en vrac. Dans les magasins bio – et à présent nombre de grandes surfaces – la plupart des denrées sèches et de consommation courante s’achète désormais au poids, dans un sac en papier. J’ai donc investi dans une collection de bocaux en verre pour le riz, la farine, le sucre, les lentilles, le boulgour, les pâtes… pour transférer tout cela dès mon retour. Nous sommes des collectionneurs-récupérateurs de pots de confiture pour les graines (amandes, noix de cajou…), le thé, les épices… Le summum dans le domaine consisterait à présent à aller vers les magasins où l’on peut apporter ses propres contenants (boîtes en plastique, pots en verre, bouteilles…), comme l’enseigne Day by day (mais seulement une vingtaine de points de vente en France). Mon aînée peste déjà à l’idée de devoir porter les courses AVANT les courses : « Encore une de tes lubies, maman… » Nous n’achetons pas de plats préparés car on aime cuisiner et on fait nous-mêmes les soupes, les quiches (y compris la pâte) et souvent les gâteaux (du quatre-quarts breton jusqu’à la copie parfaite des barquettes à la fraise Lu).

Pour l’eau, j’ai renoncé depuis longtemps aux packs embouteillés et qui cassent le dos, pour investir dans une carafe filtrante – même si elle est décriée. En ville, la qualité de l’eau du robinet est telle qu’on peut la boire les yeux fermés. D’ailleurs même les supermarchés Biocoop ont fait le choix en mars 2017 de ne plus vendre d’eau plate en bouteille plastique : trop compliquées à recycler et trop polluantes à transporter.

Fruits et légumes s’achètent au poids et au marché – et de préférence de saison et local – et zou, dans mon caddie à roulettes ! Si on veut aller plus loin dans la démarche, on adhère à une AMAP (association pour le maintien de l’agriculture paysanne) ou à une « ruche qui dit oui ».

Je dois dire que je ne me vois pas encore demander à mon boucher de glisser mon rosbif sanguinolent dans un bocal, pour remplacer la fine feuille de papier qui l’emballe habituellement… Mais si cela doit arriver, il faudra aussi que je m’interroge sur l’impact carbone d’un kilo de bœuf, et là, adieux tournedos…

Enfin, les plus courageux qui disposent d’un garage, d’une cave – et surtout d’un jardin – peuvent se lancer dans leur propre compost. Épluchures et autres déchets organiques gagnent le bac à compost où bactéries, champignons et lombrics vont les transformer en bon terreau. Miam !

Les produits ménagers maison

Passons à présent à l’entretien. Car à défaut d’utiliser des produits chimiques, aussi polluants qu’allergisants, vous pouvez fabriquer vous-même à peu près tout : produit pour le sol, les vitres – et même la lessive. Dans ce domaine vinaigre blanc, bicarbonate de soude et paillettes de savon de Marseille (râpé main) font des miracles , et quelques gouttes d’huiles essentielles aideront à retrouver des fragrances agréables.
Besoins de conseils ? Des idées pour nettoyer à peu près tout sur Consoglobe.

On oublie bien entendu les lingettes jetables et les éponges synthétiques et on recycle ses vieux draps et serviettes dans ce que ma grand-mère appelait des « lavettes » (c’est fou comme les modes reviennent !). On les lave à la machine et on les réutilise…

Ma salle de bains écolo

La douche, nous y sommes tous passés depuis quelques années (50% d’eau consommée en moins) à l’exception de notre ado garçon qui revendique le droit de mariner dans 150 litres d’eau chaude tous les jours. Réjouissons-nous néanmoins : au moins, il se lave !

Si on fuit les emballages inutiles, on peut privilégier le savon de Marseille à la place du gel douche et les shampoings solides à la place de leurs cousins liquides et chimiques. Pour le déodorant, le plus simple reste la pierre d’Alun et les huiles végétales bio (argan, amande douce, calendula, coco…) remplacent les laits hydratants.

Mais place au plus rigolo : la plupart des produits de beauté peuvent se fabriquer, sans forcément posséder le kit du parfait petit chimiste : crème de jour, lait pour le corps, dentifrice… Le champion du domaine, c’est Aroma-Zone. Le samedi, leur boutique d’Odéon ne désemplit pas…

Alors il y a encore des poches de résistance à faire tomber, parmi lesquels figurent les serviettes et tampons hygiéniques. Bourrés de chlore, de cellulose et de coton – gourmand en eau et traité aux pesticides (une catastrophe écologique à lui tout seul), ils sont une menace pour notre intimité. L’alternative la plus naturelle ? La coupe menstruelle en silicone à usage infini. Pour cela il faut laisser de côté ses préjugés et s’imaginer la retirer et la laver plusieurs fois par jour. Gloups… Les utilisatrices sont devenues de véritables militantes. Un très bon site d’info ici : https://easycup.fr/ Et si on a un bébé, même topo pour les couches culottes, à remplacer par leur équivalent lavable. On vous le répète, il faut être très motivé…

Alors, la démarche d’une famille soucieuse de ses déchets est-il un parcours du combattant pour les bobos ou les décroissants, entre moralisation et culpabilité ? Pas si on commence petit et faisable : pour les courses, la cuisine ou la salle de bains. Les changements commencent par un premier pas, à vous de choisir ce qui vous « parle » le plus.

Pour aller plus loin, le quotidien d’une famille engagée dans cette démarche : http://www.famillezerodechet.com/