Poêle en Teflon, vêtements ou chaussures imperméables, fart pour les skis, emballages de hamburgers ou de pizza, cires, vernis, peintures, mousses ignifuges ou cosmétiques… Nombre de produits de tous les jours sont composés de ces fameux PFAS. Ces substances per- et polyfluoroalkyles ont conquis l’industrie depuis l’après-guerre, du fait de leurs propriétés hydrofuges, oléofuges et anti-adhésives.
Mal nous en a pris, ces facilitateurs du quotidien sont en train de se retourner contre nous. Ils sont souvent qualifiés de « polluants chimiques éternels » car ils ne se décomposent pas facilement – voire pas du tout – dans l’environnement et peuvent s’accumuler dans les sols, les eaux souterraines, les cours d’eau, les végétaux et les organismes vivants – animaux comme humains.
Leurs effets sur la santé humaine sont désormais bien documentés : perturbations du foie ou de la thyroïde, problèmes de fertilité, augmentation du taux de cholestérol, obésité, atteintes au système immunitaire, cancers…
Les femmes enceintes et les jeunes enfants présentent un risque accru, de même que les professionnels amenés à les manipuler – en tout premier lieu les travailleurs des industries qui les utilisent le plus : textile, automobile, aéronautique…
Déclinés en 600 substances et plus de 4000 molécules différentes, les PFAS sont partout autour de nous, principalement dans l’eau potable, les aliments, l’air… Dès le 1er janvier 2026 ils seront interdits en France dans certains textiles et, même si leur proscription se généralise, il convient de se protéger dès maintenant des objets et produits que nous possédons déjà.
Garde-robe, ustensiles de cuisine… On jette ou on garde ?
Ne mettez pas (encore) toute votre garde-robe aux ordures. La contamination aux PFAS par inhalation ou contact avec la peau est extrêmement rare. Si vous avez une combinaison de ski, des gants ou une parka, conservez-les mais évitez à l’avenir l’achat de certains produits. Les vêtements composés de Gore-Tex ou Teflon contiennent clairement des PFAS. Il vaut donc mieux viser des produits étiquetés « sans PFAS » ou « sans ingrédients fluorés » ou bien certifiés Oeko-Tex. Des marques comme The North Face ou Black Diamond se sont engagées à ne plus utiliser de PFAS, comme d’autres, listées par The Good goods. Enfin, un vêtement usagé libérera toujours moins de PFAS que son équivalent neuf. L’achat en seconde main pour ce type de produits peut donc être une bonne idée.
Côté cuisine, l’interdiction des PFAS pour les ustensiles n’est pas encore actée, de peur de mettre cette industrie en péril en France.
Le principe de précaution individuel voudrait que l’on mette néanmoins de côté les poêles avec un revêtement anti-adhésif, car elles présentent un risque d’ingestion à la cuisson. Et pour les achats futurs, leur équivalent en inox, acier ou céramique sont sans danger pour la santé.
Idem pour les spatules, fouets ou cuillères. On peut privilégier les instruments en métal, bois ou bambou.
Côté aliments, certains sont susceptibles d’être davantage contaminés que d’autres : fruits de mer, poissons, œufs, fruits et légumes. Il est évidemment impossible de s’en priver, mais on peut reconsidérer la quantité consommée, ou leur fréquence dans notre assiette.
Le vrai problème est celui de l’eau
Que ce soit celle que l’on boit, celle avec laquelle les végétaux sont arrosés, celle que les animaux consomment ou celle avec laquelle on cuisine. Ça n’est qu’à partir du 1er janvier 2026 que la présence de PFAS sera systématiquement recherchée dans l’analyse de l’eau de consommation. En réalisant des contrôles ponctuels, il a toutefois déjà été possible d’identifier des régions à risque, comme la région Rhône-Alpes, longtemps considérée comme « la vallée de la chimie », où nombre d’industriels rejetaient massivement des polluants dans la nature.
Chez soi, on peut se protéger de l’ingestion de ces polluants en recourant à trois procédés : une carafe filtrante, un filtre à charbon ou – le top – une carafe ou un système installé sur la canalisation, avec un filtre à osmose. Cette eau filtrée peut être bue mais aussi utilisée pour laver ou cuire les aliments.
Vérifier aussi ses produits de beauté
Enfin, côté cosmétique, les choses sont un peu plus facile à déceler. Dans la composition d’un produit (crème hydratante, vernis à ongles…), on peut repérer les ingrédients appartenant à la famille des PFAS, en recherchant tous ceux qui ont la dénomination « perfluoro », dont on peut d’ailleurs trouver une liste ici. Ils sont interdits dans les cosmétiques bio, il faut donc rechercher les labels les plus courants. Il est également facile de recourir à une application pour scanner leur QR code et évaluer la composition, comme Yuka ou Incibeauty.
Si les PFAS représentent une menace sérieuse pour la santé et l’environnement, nécessitant une action des autorités, il est désormais crucial de développer une vigilance individuelle pour s’en prémunir et adopter une consommation responsable.
Pour aller plus loin :
- Le journal Le Monde a publié la carte de l’Europe de la contamination par les PFAS
- Le documentaire de Camille Etienne et Solal Moisan, PFAS : comment les industriels nous empoisonnent