L’été approche, et nous commençons à redouter l’apparition d’une canicule – désormais plus fréquente sous nos latitudes, et repensons à ces feux de forêt qui ont dévasté le sud-ouest l’an passé. Des images terrifiantes, quand ailleurs ce sont des ouragans, des tornades ou des inondations qui emportent tout sur leur passage, maisons et habitants, et sèment la désolation.

Nous avons déréglé la planète, et face à ces phénomènes qui nous dépassent, nous sommes de plus en plus nombreux à développer une éco-anxiété.

Elle a été observée en premier lieu dans les populations les plus exposées aux conséquences du changement climatique sur leur mode de vie, que ce soit les Inuits au nord du Canada ou les aborigènes australiens.

L’éco-anxiété peut être définie comme un ensemble de préoccupations lié aux problèmes environnementaux, tels que le changement climatique, la perte de la biodiversité, la pollution et la dégradation globale de l’environnement.

Elle nous confronte à une inquiétude qui paraît insoluble entre l’ampleur des défis à relever et l’impuissance que nous ressentons – et la peur des conséquences de notre inaction.  

Si elle n’est pas une pathologie au sens médical du terme, l’éco-anxiété présente pourtant bien des symptômes aussi désagréables que dérangeants : état de stress, sentiments de tristesse, de colère ou de peur… Elle peut également se manifester par des symptômes physiques tels que des palpitations, de la transpiration, des tremblements ou des maux de tête.

Qui est le plus touché ?

Sans surprise, l’éco-anxiété est plus fréquente chez les jeunes, les militants environnementaux, les personnes vivant dans des régions où les effets du changement climatique sont déjà perceptibles, et les personnes qui ont été directement touchées par des événements climatiques extrêmes.

Les jeunes générations sont plus particulièrement touchées par l’éco-anxiété, car elles ont grandi avec ces problématiques, sans pouvoir agir.

Les jeunes ont souvent l’impression que les dirigeants et les gouvernements ne prennent pas suffisamment de mesures pour faire face à ces problèmes, ce qui peut renforcer leur anxiété.

Selon une étude publiée dans le Lancet, menée en 2021 auprès de 10 000 jeunes de 16 à 25 ans, dans 10 pays, 59 % déclaraient être « très » ou « extrêmement inquiets » du changement climatique, et 45 % déclaraient en être impactés dans leur quotidien, avec des troubles du sommeil, de l’alimentation, ou des difficultés à aller en cours ou à s’amuser – mais aussi le choix de ne pas avoir d’enfants. Un autre sondage réalisé par l’Ifop en 2022 montre que 67% des Français déclarent ressentir de la peur face à l’avenir. 34% considèrent que leurs « éco-émotions » impactent leur santé mentale au quotidien.

Que faire ?

Même si l’éco-anxiété n’est pas un diagnostic médical, elle doit être prise au sérieux, comme toute source d’anxiété qui crée une souffrance psychologique. La première personne à qui il faut en parler est un médecin. L’anxiété est un trouble psychique courant, qui peut être soulagé par des approches médicamenteuses, des thérapies comportementales et le soutien de l’entourage.

Si l’éco-anxiété peut avoir des effets négatifs sur la santé mentale et le bien-être des personnes qui en souffrent, elle peut également être un moteur pour l’action et la mobilisation.

Certaines personnes utilisent leur anxiété pour adopter des comportements écologiques plus responsables ou militer en faveur de politiques environnementales plus strictes.

D’autres pistes peuvent aider à canaliser son éco-anxiété :

– Prendre soi-même des mesures concrètes, en changeant son mode de vie pour réduire son empreinte environnementale. Le blog vous a déjà donné de nombreux exemples à ce sujet !

– S’informer de manière fiable. Se renseigner sur les problèmes environnementaux et les solutions possibles peut aider à réduire le sentiment d’impuissance et à se sentir plus en contrôle. La revue l’Etudiant a listé quelques médias, associations, blogs et influenceurs de confiance.

– Apaiser les symptômes de l’anxiété.  Se reconnecter à la nature peut aider à réduire les effets du stress causé par l’anxiété. Ce peut être en faisant régulièrement des promenades en forêt, aller à la plage, jardiner – voire cultiver son potager… On peut aussi pratiquer régulièrement des techniques de relaxation : respiration profonde, méditation, yoga, sophrologie… Et pourquoi pas à l’extérieur, pour se sentir en lien avec la nature ?

– S’engager. De nombreuses associations ont besoin de bénévoles pour soutenir et informer sur les nouveaux comportements – ou agir auprès des entreprises et leaders politiques. 27 d’entre elles sont regroupées dans le réseau Action Climat.

La mise en action, aussi petite soit-elle, présente un début de réconfort, mais contrecarre aussi la tendance parfois exagérément alarmiste des pensées négatives.

Pour aller plus loin :

L’éco-anxiété : Vivre sereinement dans un monde abîmé, Dr Alice Desbiolles, Fayard, 2022

Les émotions du dérèglement climatique, L’impact des catastrophes écologiques sur notre bien-être et comment y faire face ! Dr Célie Massini, Dr Antoine Pelissolo, Flammarion 2021

– Le plan d’action « Tous résilients face aux risques » publié par le ministère de la transition écologique