Vous rencontrez un nouveau collègue au travail et vous ne le « sentez » pas ? Vous avez le choix entre deux options et l’une d’elle vous attire irrésistiblement ? Vous pensez à vote sœur, et c’est justement elle qui vous appelle ? Vous avez certainement une intuition fine et bien développée. Et vous savez sans doute, par expérience, qu’elle vous a rendu service dans de nombreuses circonstances.

Ce que nous ignorons souvent, c’est que nous sommes tous potentiellement intuitifs. Simplement, certaines personnes utilisent l’intuition davantage que d’autres – ou plutôt l’entrainent davantage.

L’intuition est une connaissance immédiate, qui ne passe pas par le raisonnement. On reçoit une information, qui ne transite pas par notre cerveau, ni notre intellect, pas plus que cette information ne s’appuie sur des preuves. Surnaturel ? Non, cette connaissance utilise d’autres canaux, en particulier celui de notre corps, de nos perceptions et de nos sens de manière large. Or, certaines personnes ont l’habitude – parfois depuis l’enfance – d’écouter ces messages. L’intuition ne doit pas être confondue avec le raisonnement inconscient (qui conduit un hyper-expert dans un domaine à identifier une solution, car il réfléchit ultra-rapidement sans même s’en rendre compte), ni avec le décodage de signes. Ce dernier, basé sur l’analyse d’éléments extérieurs pour leur trouver un sens touche parfois à la superstition… En revanche, l’étude des synchronicités, chère à Jung, tutoie nos capacités intuitives : deux événements ou faits distincts, sans lien de causalité entre eux, vont pourtant faire sens pour celui qui les perçoit. Car l’intuition est bien une capacité de la conscience.

Si l’on veut développer son intuition, il faut souvent mettre le mental de côté. Car sa tendance naturelle et de reprendre le dessus sur tous nos choix ou décisions, cartésiens que nous sommes ! Il faut également distinguer les informations intuitives, et celles qui sont influencées par nos émotions. Ces dernières créent des opinions – et ces points de vue subjectifs sont rarement intuitifs. On peut très bien ne pas apprécier une personne nouvelle car elle nous en rappelle une autre. Le dégoût ou la colère qu’elle suscite instinctivement relèvent de l’expérience et de son train émotionnel, pas de l’intuition. Il est souvent nécessaire de prendre du recul pour évaluer ces distorsions.

Ce qui facilite l’ouverture à l’intuition, c’est de travailler ses perceptions. Comment « sentons »-nous notre corps, l’environnement, l’espace dans lequel nous évoluons, le temps… ? Cela permet d’affiner sa réceptivité et sa connaissance de soi. Nous repérons ce sursaut, ce frisson, ce malaise qui est signifiant pour nous.
Les techniques créatives sont de très bons entraineurs d’intuition. Dessiner, peindre, bricoler déconnecte le mental et nous ouvre à d’autres perceptions. D’ailleurs, elles activent l’état de flow, dont nous avons déjà parlé dans le blog.

D’une manière générale, toutes les techniques visant à améliorer la présence au monde et l’attention sont de bons terreaux au développement d’une intuition fine : méditation, sophrologie, marche silencieuse dans la nature… car on est pleinement réceptif.

Pour autant, l’intellect n’est pas mis de côté. Il sert, bien au contraire, à interroger l’intuition, à créer un cadre pour l’entraîner, tout en laissant de côté les jugements et les critiques. Ce qui est étrange avec l’intuition c’est que, moins on essaie de se focaliser sur un résultat, et plus on l’atteint. Un exemple parfait de lâcher-prise !

Découvrir ou affiner son intuition est une capacité qui peut se développer. Sur Fréquence protestante, j’ai eu l’occasion de recevoir Marie-Estelle Couval, co-autrice avec Alexis Champion d’une méthode pour cultiver son intuition. Leur livre est une mine d’or, illustré de nombreux exemples et exercices pour découvrir comment – et pourquoi – « intuiter » au quotidien : au travail, dans le choix d’un lieu de vie ou de vacances… Ils montrent comment l’intuition est utilisée dans l’art, dans des recherches archéologiques et même pour accompagner les entreprises à innover, afin d’imaginer ce qui pourra plaire aux futurs clients. C’est une découverte passionnante : vous ne pourrez plus vous passer de votre intuition !

Dans son dernier roman, Intuitio, l’auteur à succès et coach Laurent Gounelle, a fait de l’intuition un personnage principal : il met en scène des « intuitifs », entraînés par le FBI pour résoudre des enquêtes. Voilà bien deux excellentes lectures de vacances !

 

Pour aller plus loin :

– Ecoutez les conseils de Marie-Estelle Couval, co-directrice d’Iris, école de l’intuition, sur Fréquence protestante
– Développez votre intuition, d’Alexis Champion et Marie-Estelle Couval, Leduc pratique, 2018
– Intutio, Laurent Gounelle, Calmann-Levy, 2021