J’étais fatiguée, épuisée. Je dormais tout le temps, et je marchais de plus en plus péniblement.
Mon corps est devenu plus lourd.
Mais dans le même temps, j’ai senti que mon corps était animé d’une vie nouvelle, je me suis sentie beaucoup plus incarnée, et reliée aux choses. Le parfum du monde me chatouillait les narines comme jamais – retournant mon ventre par la même occasion. J’étais beaucoup plus tactile, aussi, ce qui a permis un renouveau de notre intimité corporel, à mon conjoint et moi. Et puis un jour, j’ai senti quelque chose bouger au-dedans de moi. Quelque chose – ou plutôt quelqu’un.
Cette expérience a été totalement désarçonnante. Je me suis rendue compte qu’il fallait parler en philosophe de cette expérience charnelle incroyable, de laquelle nous venons tous.
Pourquoi penser la grossesse ?
C’est ce que je m’efforce de faire dans mon livre qui vient de sortir, après 7 ans de travail : Un corps pour deux, petite philosophie de la grossesse (ed. Desclée de Brouwer).
Ce que j’ai découvert, c’est que la grossesse nous concerne toutes
: même celle qui n’a pas d’enfant attend de son propre corps qu’il soit capable d’en porter un autre. L’autre peut surgir du dedans : nos corps de […]