« Tu me fais la cour ? »
C’est la question que je lui ai posée lors de notre premier rendez-vous « amical ». Nous correspondions depuis plusieurs mois et j’avais envie de mettre notre relation au clair. Une amie, à qui j’avais annoncé que je prévoyais d’attendre qu’il abatte ses cartes, m’avait encouragée : « Ça ne te ressemble pas, de te mettre dans cette posture passive ! Si tu veux savoir, tu as le droit de demander. » J’ai demandé… et grand bien m’en a pris ! Très tôt dans notre relation, celui qui était alors mon petit ami et moi avons réfléchi ensemble aux rôles de genre traditionnels dans une relation amoureuse, et à comment les dépasser.
Les attentes autour des fiançailles sont tout particulièrement teintées de sexisme. Certes, la tradition de demander au père la main de sa fille est tombée en désuétude, et avec elle l’idée qu’une femme appartient à son père avant d’appartenir à son mari. Mais prenons la bague de fiançailles, par exemple. Est-ce forcément à l’homme de prendre l’initiative de la demande en mariage ? Pourquoi la femme devrait-elle être la seule à porter une marque visible de son engagement à se marier ?
Par ailleurs, je ne porte que très peu de bijoux. Les diamants me posaient un problème éthique (à cause du sang que fait couler leur acquisition) autant que pratique (pourquoi mettre autant d’argent dans une si petite chose ?). Bref, je lui avais très vite fait comprendre que je ne voulais pas de bague de fiançailles.
De son côté, lui aurait aimé une bague, mais cela ne l’intéressait pas de décider tout seul quand mettre le genou à terre ni d’attendre que je fasse ce pas moi-même. C’était assez clair pour nous deux que nous voulions nous marier. C’est lui qui a le premier exposé son interrogation : si la tradition ne nous correspond pas, comment avancer ?
J’ai donc fait ce que fait ma génération quand nous cherchons des inspirations ou des informations, et je suis partie en exploration sur internet. J’ai fini par y trouver plusieurs pages de « mariage féministe », mais ces pages répondaient à des questions que nous ne nous posions pas forcément. J’ai appris qu’il est possible, par exemple, de ne pas prendre autant de demoiselles d’honneur que de garçons d’honneur (nous n’avions l’intention d’avoir ni l’un ni l’autre). Qu’il est acceptable de demander aux deux conjoints de se prêter au jeu de la jarretière (c’est quoi, le jeu de la jarretière ?). Qu’on peut également demander les mains des deux fiancés à leurs parents (cela fait belle lurette […]