Longtemps, la peinture académique s’est exprimée presque exclusivement dans des ateliers, où la nature était reproduite et enjolivée, loin de tout réalisme. Les romantiques, en littérature comme en peinture, subliment et encensent la nature en poétisant le réel. Scènes champêtres, allégories ou épisodes mythologiques font de la nature un simple arrière-plan. La fin du XIXème siècle voit apparaître le naturalisme. Les peintres ont alors soif de reproduire la nature telle qu’elle est, et se délectent de scènes ordinaires, plantant leur chevalet au milieu des paysages et des gens de la terre qu’ils dessinent.

Il faut dire que la nature est une source d’inspiration pour les artistes qui apprécient sa beauté autant que sa quiétude, propice à la création.

Contempler la Création est autant une source d’émerveillement qu’une envie d’imitation, par la perfection qu’elle incarne. La suite de Fibonacci, qui définit le célèbre nombre d’or (1,618…), également appelé divine proportion, est présent à peu près partout dans le monde végétal, minéral ou aquatique : spirales des coquillages ou de la coquille d’un escargot, tissage d’une toile d’araignée, répartition des feuilles d’une fougère ou des écailles d’une pomme de pin, disposition de certains cristaux… L’harmonie et la variété des formes nous éblouit, quand à d’autres moments c’est la spontanéité et le chaos qui nous séduisent.
Et pour ce qui est de la palette, la nature offre un large éventail de tons, contrastes, nuances que l’on tente de reproduire. Les décorateurs recherchent de plus en plus des matériaux naturels, et des coloris qui rappellent les éléments : bois, terre, eau, air, feu…

Comment pratiquer ?

Le dessin au crayon et l’aquarelle sont les médias les plus faciles à utiliser pour tout artiste nomade.
Il suffit d’un bloc et d’un crayon ou d’une petites palette et de pinceaux à réservoir d’eau pour débuter. Ils demandent de l’observation, donc de s’installer dans le silence, en détaillant ce que l’on fait. Le temps est suspendu et le résultat est rapide et assez satisfaisant et plus on pratique, plus on s’améliore. En vacances, pourquoi ne pas emporter un petit carnet pour simplement faire un croquis par jour ? Marion vous donne des conseils pour dessiner à l’extérieur, également dans cette vidéo pas-à-pas.

La photographie est une discipline silencieuse, non polluante et d’observation, qui s’accommode très bien de la nature. Fixer son rythme au fil de la journée ou des saisons est un émerveillement sans fin. Les photographes animaliers, de surcroît, doivent faire preuve d’une grande patience. De l’infiniment petit à l’infiniment grand, comme avec les splendides clichés du télescope James Webb, le monde se révèle sous des aspects fascinants. Pour s’y mettre, Sylvain apprend à photographier la forêt, avec son fils de 7 ans (s’il peut le faire, nous aussi !) et ce jeune photographe nous guide pour se lancer dans la photographie animalière.

La discipline qui allie le mieux nature et créativité est sans nul doute le land art. Un mouvement qui naît en 1968 aux Etats-Unis et qui entend sortir des sentiers battus, entendez sortir l’art des galeries. Mieux, en utilisant des matériaux naturels, assemblés et installés dans la nature, les artistes du land art en font un support et un théâtre de leur imagination, même si l’œuvre est éphémère. Assemblement de rochers, installations regroupant bois, feuilles, introduction d’éléments extérieurs qui s’harmonisent avec le paysage, l’imagination n’a pas de limite, à condition de respecter l’environnement. Sandra a fait un clip regroupant quelques œuvres emblématiques, dont certaines sont très inspirantes.
Attention, il ne s’agit pas de collecter des objets, de cueillir ou de prélever des choses. D’ailleurs, dans beaucoup de sites naturels, il est interdit d’emporter galets ou coquillages, par exemple. Suivez les idées de Mégane, de l’Office national des forêts (ONF) qui fait rimer créativité et respect de l’environnement.

De nombreuses techniques artisanales recourent à des matériaux naturels, pour fabriquer terres cuites, teintures naturelles pour laine ou tissus, bougies… On peut teindre avec des pelures d’oignon, des épices, des fleurs ou du charbon… Cette maman propose trois techniques pour faire des bougies à la cire d’abeille, cette autre bricoleuse une bougie fleurie et parfumée, à la cire de soja.

Enfin, qui, mieux que les scouts, savent tirer parti de la nature sans l’abîmer ? Cabanes construites dans les arbres (sans un seul clou !), constructions naturelles astucieuses (tables, cuisine, toilettes…), démontées après leur passage, jeux à partir des particularités d’un terrain, costumes ou accessoires du « folklore » fabriqués avec ce qui leur tombe sous la main… Dans la nature, les scouts ne manquent pas d’imagination ! C’est le cas, par exemple, pour les Eclaireuses et Eclaireurs unionistes de France (EEUdF) mais aussi, plus étonnamment, pour les Eclaireuses et Eclaireurs de la nature, le mouvement scout bouddhiste qui revendique d’associer la pédagogie scoute, la spiritualité bouddhiste basée sur la non-violence et l’éducation à l’écologie.

Toutes ces activités, pratiquées avec des enfants, leur apprend à observer, être astucieux, imaginer, créer sans limites de cadre ou d’espace, mais surtout à comprendre et respecter la nature.

L’exercice à essayer : réaliser un mandala naturel

Si les bouddhistes prêtent aux mandalas de sable coloré, patiemment réalisés pendant des heures puis dispersés en quelques instants, des vertus spirituelles et méditatives, vous pouvez reproduire plus simplement cette expérience.

Où que vous soyez (mer, montagne, campagne, forêt…), parcourez l’endroit pour rassembler ce que vous trouvez sur le sol, sans rien arracher ni couper : cailloux, brindilles, feuilles tombées à terre, pétales, morceaux de bois, glands, cailloux, galets, coquillages… Les enfants se prêtent facilement à cette collecte. Sur une surface plane, tracez un cercle avec ce que vous avez (ou dessinez-le au doigt sur le sable) et disposez harmonieusement vos découvertes.

Le mandala est un dessin de forme ronde, qui va rechercher la symétrie ou la reproduction de motifs. Donc, quand on a instauré une logique, on s’y tient.
Sa réalisation requiert observation, patience et souvent silence. Une fois la réalisation achevée, on peut prendre un temps de contemplation, et déposer une intention positive : gratitude, respect, joie, partage…
Enfin, on peut photographier ou dessiner son mandala pour en garder la souvenir, mais on le laisse surtout sur place, en sachant qu’il sera exposé aux éléments : pluie, vent, vagues, passage des animaux… La nature reprendra ce qu’elle a prêté quelques instants pour constituer cette œuvre éphémère.

Un peu de lecture

  • Dessiner la nature, de Santi Sallès (Eyrolles, 2021).
    Comme le dit son sous-titre : un urban-sketcher se met au vert, pour nous apprendre à dessiner in situ sur des carnets de croquis.
  • La panthère des neiges, de Sylvain Tesson (Gallimard, 2019).
    L’écrivain-voyageur et le photographe animalier Vincent Munier traquent au Tibet la panthère qui ne se livre pas à tous les objectifs.
  • Land art d’été, de Marc Pouyet (Plumes de carotte, 2014).
    Des idées de réalisation et d’installation avec et dans la nature, à faire en famille.
  • Le manuel des Castors juniors (Hachette, réédition 2018).
    Comment être aussi malin que Riri, Fifi et Loulou ? Un classique qui met une pincée de Disney dans le scoutisme !
  • Dessine et peins avec ce que tu trouves dans la nature, de Nick Neddo (Terre vivante, 2021).
    Un livre pour les enfants à partir de 10 ans, pour créer, modeler ou peindre à partir de matériaux ramassés.
  • Mille choses à faire avec un bout de bois, de Fiona Danks (Gallimard Jeunesse, 2013).
    Un ouvrage à partager en famille pour bricoler tout un tas de choses, belles ou utiles, avec un simple morceau de bois.