Nous sommes parvenus à dépasser une crise sanitaire majeure, en répondant à une épidémie mondiale par une vaccination efficace. Mais une autre épidémie, moins létale mais plus sournoise, s’installe, celle de la crise d’angoisse.

Soudain, on est saisi par des perceptions désagréables qui envahissent le corps et s’amplifient. Sensation d’oppression, douleur thoracique, accélération cardiaque, chaleur ou sueurs, boule au ventre, perte d’équilibre…

Les pensées tournent à toute vitesse, avec un sentiment de perte de contrôle et de terreur. Certaines personnes pensent qu’elles sont en train de mourir ou à tout le moins de devenir folles.

Pas de panique, il s’agit la plupart du temps d’une crise d’angoisse. Ces manifestations anxieuses aigues sont relativement courantes. On estime qu’une personne sur dix en France en vit au moins un épisode chaque année.

Le cerveau en état d’alerte

Depuis la crise sanitaire, les crises d’angoisse – également appelées attaques de panique – sont de plus en plus fréquentes, sans doute du fait d’une élévation de notre niveau de vigilance au risque.

Notre cerveau en état d’alerte va percevoir plus facilement, et plus rapidement, ce qui pourrait constituer pour lui un danger, que ce danger soit réel ou anticipé. Elles n’épargnent désormais personne : enfant d’âge scolaire, lycéen, cadre stressé, retraité actif…

Aussi impressionnantes que désagréables, les crises d’angoisse laissent un goût amer à leurs victimes, qui ne redoutent rien plus que la récidive. Or, la crise d’angoisse se nourrit de l’anxiété qui devient un facteur déclenchant et installe des phénomènes de répétition.

Si les crises d’angoisse sont rarement graves, ce sont leurs conséquences qu’il faut redouter le plus car elles peuvent devenir invalidantes, au point d’empêcher de mener une vie sociale satisfaisante. Là, c’est un père de famille qui évite de prendre sa voiture, ou bien une jeune retraitée qui ne fait plus ses courses dans les grandes surfaces, ici un étudiant qui ne supporte plus d’être enfermé une heure dans un amphithéâtre.

Les attaques de panique, lorsqu’elles sont intenses ou répétées, induisent souvent d’autres troubles anxieux : anxiété sociale, agoraphobie, claustrophobie, voire trouble panique. Une dépression peut se développer, quand l’individu réalise qu’il réduit de plus en plus le champ de ses possibilités.

Comment les aborder ?

Tout épisode de panique intense doit être évoqué avec un médecin, pour écarter un risque cardiaque. Ceci fait, il va s’agir d’apprendre à les gérer, à défaut de pouvoir les empêcher totalement. Car toutes les crises d’angoisse n’ont pas forcément une cause objective, ni de facteurs déclenchants systématiques. Et même quand une cause est clairement établie, il n’est pas forcément souhaitable d’éviter de s’y exposer, car l’impact sur la vie sociale serait trop important. On ne peut pas s’empêcher continuellement de prendre les transports, d’aller au cinéma ou de marcher dans la rue…

Certaines crises s’installent chez des individus qui ont déjà une personnalité anxieuse, et développent une faculté de déclenchement rapide, y compris dans des situations banales. Tout devient alors stressant et source d’anxiété.

Pour y faire face plus sereinement, il est important de savoir que l’intensité de ces attaques de panique est concentrée sur 10 à 15 minutes. Passé ce délai, elles commencent à redescendre progressivement d’elles mêmes.

S’asseoir au calme, s’apaiser et attendre quelques instants peut parfois suffire. La personne qui en est victime peut cependant ressentir une anxiété latente qui perdure dans les heures qui suivent , et à laquelle succède une anxiété anticipative à l’idée que le phénomène se reproduise.

Dans certains cas, il faut recourir à une aide extérieure pour apprendre à gérer ces crises. Il est communément admis que les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et les approches psychocorporelles (méditation, relaxation, sophrologie, yoga…) sont de bons moyens d’y faire face. En s’habituant de manière progressive, en apprenant à réguler les symptômes des crises, ces approches permettent de retrouver maîtrise et confiance, en lieu et place du contrôle et de la panique.

Si les crises d’angoisse sont terrifiantes, elles peuvent être facilement dépassée avec de la persévérance et la conviction que les choses peuvent s’arranger, jusqu’à ce qu’elles deviennent un mauvais souvenir.