Cette expression populaire qui signifie le renouveau, le mieux après les moments difficiles, nous parlent par les temps qui courent. Nous attendons le printemps au sens propre, après un vrai hiver avec ses pluies, sa neige et son froid, voici que s’annonce la saison des fleurs, des arbres qui reverdissent, des semis de légumes pour les jardins qui sortent de terre. En ce temps de carême, pour les chrétiens où se prépare Pâques et la vie nouvelle donnée aux hommes, nous traversons nos déserts de solitude, de tentations, de doutes pour cheminer petit à petit vers ce renouveau qui nous est proposé par la résurrection du Christ. Oui ! Après l’hiver, le printemps revient et c’est la vie qui reprend, chargée d’espoir.

Mais dans notre vie quotidienne perturbée, est-ce qu’après l’hiver, le printemps va enfin arriver ? C’est la question que beaucoup se posent. Quand est-ce que nos vies pourront reprendre leurs cours normalement ? Est-ce que notre printemps reviendra bientôt, après cette année particulière, entre confinement, couvre feu et distanciation ? Nous n’en savons trop rien, mais nous nous débrouillons pour essayer de garder l’espoir. Et puis, il y a tous ceux qui galèrent de part leurs situations difficiles et pour qui demain reste tellement incertain, qu’espérer un jour le printemps, nous semble relever du miracle. Et pourtant !

« Prendre l’Aire »

Histoire de nous entretenir et d’entretenir aussi l’espoir, dans notre fraternité de la mission populaire de l’Aire Urbaine « Frat’Aire », nous avons maintenu les randos « prendre l’Aire », juste histoire de respirer, de découvrir la nature de l’Aire Urbaine (espace regroupant le Pays de Montbéliard dans le Doubs, un morceau de la Haute Saône et le Territoire de Belfort), faute de pourvoir accéder à d’autres activités et de loisirs. Un petit groupe de ballade se réunit dont en respectant les mesures de distanciation. Une douzaine de personnes y participent, dont des mamies, des femmes seules et parfois des mamans et leurs enfants selon les ballades. Et finalement, ces randos sont devenues le seul espace de partage direct qui subsiste dans notre frat et il est devenu primordial. Normalement les randos s’interrompent de novembre à mars en raison de la météo, mais cette année après une pause en décembre, peu importe le temps qu’il faisait, nous avons repris dès janvier, tant le besoin de se voir, de parler et de sortir était nécessaire pour tous et particulièrement pour ceux qui sont seuls et qui souffrent encore plus dans ce contexte sanitaire anxiogène.

Ces petits temps d’évasion, même si nous veillons à garder nos distances et à porter nos masques, sont devenus des espaces de partage et de rencontres nouveaux. Tout en marchant, on peut parler de nos vies, de nos cultures, de nos fêtes, de nos familles, de l’actualité, de nos préoccupations, de nos hivers et de nos printemps. Et voici que chacun réussit même à évoquer des projets et aller de l’avant, malgré les incertitudes qui subsistent.

Renouveaux dans nos vies

C’est un peu comme si la restriction de liberté, le changement de vie imposée par ce virus, avait aussi fait murir plein de renouveaux dans nos vies, en nous permettant de faire le tri de nos priorités et de faire des choix.

Dans ce petit groupe de randonnée, ça s’est traduit ainsi : pour certains c’est un déménagement qui s’organise ou qui vient d’avoir lieu. Pour plusieurs, des projets de formation ont été entrepris. Pour d’autres des démarches actives de recherche d’emploi s’organisent, après des années de vie précaire et de RSA. D’autres ont pris des contacts pour changer de région, en vue de faire de nouvelles démarches pour tenter de régulariser leur situation, après des années dans la clandestinité. Certains ont parlé des travaux qu’ils entreprennent dans leur appartement pour s’y sentir mieux. Pour d’autres une prise de conscience de leur mode de consommation, voir de surconsommation a entrainé un changement de vers une consommation responsable, plus saine et plus éco-responsable. D’autres encore, évoquent un projet de séjour collectif pour la frat qu’ils se proposent de co-organiser pour plus tard, dès que cela sera à nouveau possible. Finalement, plein de projets et d’espoir pour l’avenir émergent de ces échanges, en cheminant au sens propre sur les chemins de randonnées. Après le désert : la vie nouvelle ; après le doute et l’angoisse : l’espoir et après l’hiver : le printemps.

Véronique Mégnin, est bénévole Frat’Aire, fraternité du Pays de Montbéliard.