Dans la Bible, Joseph est le fils préféré de Jacob. Ce favoritisme, aussi injuste qu’évident, provoque la jalousie légitime de ses frères, qui finissent par le maltraiter jusqu’à le vendre. Bien des années plus tard, les retrouvailles ont lieu – mais à quel prix ? Le chemin vers la réconciliation aura été pavé de douleurs, de trahison et de silence. Et une question persiste: pourquoi les frères n’ont-ils jamais osé dire à leur père combien son attitude les blessait ? Pourquoi ont-ils choisi le non-dit – ce silence lourd – plutôt que la parole, même difficile ?

Ce drame familial ancien résonne étrangement à notre époque. Aujourd’hui encore, dans de nombreuses familles, on préfère ravaler sa peine en ce qui concerne des sujets délicats plutôt que de risquer un conflit. Alors les émotions s’enfouissent et les blessures s’installent. Les enfants n’osent pas remettre en question l’autorité parentale. Les parents, de leur côté, ne perçoivent pas les tensions qu’ils provoquent. Et petit à petit, l’incompréhension devient fracture. Comme dans le cas de Joseph, certains en arrivent à des gestes extrêmes. Et trop souvent, la solution semble être la rupture: couper les ponts pour ne plus […]