En parlant avec une maman au parc, j’ai été surprise du nombre de choses qu’elle s’imposait pour son enfant. Surprise, admirative, mais je dois dire aussi un peu perplexe. Elle allaitait toujours sa fille de 2 ans et demi, mais en avait perdu le sommeil. Elle la gardait toute la journée, tout en regrettant amèrement sa vie d’avant. Adepte du cododo, elle dormait avec elle — son mari avait déménagé dans le canapé —, et regrettait d’avoir perdu l’intimité de couple avec son homme. Pour cet enfant, elle avait tout plaqué de sa vie d’avant, elle avait changé de pays, de langue, d’amis, de job.

Bel exemple de sacrifice…

qui m’a fait repenser à la jeune mère que j’étais, six ans auparavant. Je voulais le meilleur pour mes petits, mais j’en étais parfois perdue. Où était la limite ? Quand fallait-il arrêter d’allaiter ? Quand fallait-il oser le laisser pleurer ? À partir de quand fallait-il imposer le bavoir ou les brocolis ? La parentalité dans notre société est devenue si exigeante qu’on peut avoir l’impression que, pour ne pas faillir à notre tâche, il faut tout donner tout le temps à nos enfants.

Sans limite. À l’heure où l’enfant est le résultat d’un choix, on peut avoir l’impression que les parents doivent consacrer leur vie au bien-être de leur progéniture, dans un oubli total d’eux-mêmes. L’idéal est beau… mais en réalité destructeur. Elisabeth Badinter dans son ouvrage Le Conflit : la femme et la mère explique que la révolution […]