Mais voilà : à Noël, il fait froid, il fait nuit, il n’y a rien à faire dehors. On peut passer du temps autour d’une table et faire la fête au chaud. À Pâques, les jours allongent, la nature renaissante invite à sortir, à quitter maisons et villes. Il y a du travail dans les jardins, les campagnes, ou même sur les balcons… plus besoin de festivités pour s’occuper.
Noël
C’est bon de faire la fête : se rassembler en famille, offrir des cadeaux pour faire plaisir à ceux qu’on aime, préparer et partager de bons repas, illuminer la nuit contre l’obscurité menaçante. Dès l’Antiquité, les festivités du solstice d’hiver, liées à des divinités, au soleil, à la lumière, sont très populaires. Plutôt que de les combattre, l’Église cherche à les transformer en fêtes chrétiennes. Au IVe siècle, elle choisit donc de célébrer la naissance de Jésus le 25 décembre, se référant à Malachie (3.19) et Luc (1.78) qui désignent le Christ comme le Soleil de justice. Au Moyen Âge apparaissent les mages, la galette, les crèches, les « mystères ». Au XIXe siècle, des traditions se répandent dans toute l’Europe : le lorrain saint Nicolas, le sapin nordique, la couronne de l’Avent allemande… Mais voilà qu’au XXe siècle, le clinquant Père Noël américain détrône le brave saint Nicolas. Le « petit Jésus » est entouré de mièvrerie enrubannée et commerciale, et la société laïcisée développe un folklore profane autour de l’enfance. Bien sûr, il n’est pas réservé aux chrétiens de festoyer en famille, échanger des cadeaux au pied d’un joli sapin qui sent bon et dont la symbolique est oubliée, ni de rivaliser d’illuminations tapageuses. Cadeaux onéreux, grands festins, fééries, marchés de Noël, surenchère et euphorie… le commerce est roi. Pour beaucoup de gens, la fête a effacé la célébration religieuse. Paradoxalement, c’est dans les écoles maternelles que les plus jeunes découvrent que les petits cadeaux « découpages-collages-coloriages » confectionnés avec amour, ont plus de valeur que les achats dispendieux.
Pâques
La résurrection de Jésus, au début du christianisme, est célébrée le premier jour de la semaine – c’est-à-dire tous les dimanches – dans l’attente de son retour imminent. Au IIe siècle, les chrétiens souhaitent une fête spéciale, annuelle. La passion du Christ ayant eu lieu pendant la Pâque juive, l’Église adopte cette date et adapte sa signification et sa symbolique : le Christ est l’agneau immolé. C’est la première fête à paraître dans les calendriers liturgiques. Pâques est précédé par le Carême et la Semaine sainte… pas vraiment une ambiance festive. Au IVe siècle, l’Église interdit même de manger des œufs pendant le Carême. Comme les poules continuent à pondre en liberté dans l’herbe et les broussailles, les œufs ramassés sont décorés et offerts. On raconte aux enfants que les cloches les ont semés en revenant de Rome où elles étaient parties en silence le Jeudi saint. Aujourd’hui, le jeûne est un peu oublié, reste la tradition des « œufs de Pâques » et des cloches… surtout en chocolat pour que le commerce y trouve son compte. C’est peu !
Célébration et fête
Peut-on faire une vraie fête à Pâques ? Il y a quelques années, en région parisienne, quand une pasteure propose d’organiser une fête paroissiale après le culte de Pâques, avec un grand repas, on lui rétorque que ce n’est pas la tradition, qu’il n’y aura personne, que tout le monde sera parti. Le jour venu, grâce à sa persévérance, les paroissiens viennent nombreux partager et vivre un moment de fête. Une tradition festive de Pâques est née et perdure dans cette Église locale, sans effacer la célébration fervente.