Selon un sondage publié en 2018 dans Le Figaro, la procrastination – cette manie de repousser toujours à plus tard – serait un véritable sport national en France. Un travers qui nous coûterait plusieurs heures de travail dans la semaine. Une autre étude réalisée en 2019 par Odoxa montre que nous sommes 85% à procrastiner – un taux qui monte à 92% chez les 18-24 ans.

La procrastination est donc une problématique suffisamment répandue pour qu’on lui consacre une journée, fixée chaque année le 26 mars.

Pourquoi procrastinons-nous ?

La première raison qui parait la plus évident est tout simplement la paresse. Accomplir une tâche jugée difficile demande un effort, et personne n’a forcément envie de s’y mettre. Il peut s’agir aussi d’un défaut d’organisation, en particulier dans l’univers professionnel, où la surcharge de travail et le stress nous font zapper d’une activité à l’autre, dans une déperdition d’énergie étourdissante. On pare au plus pressé, et on met de côté ce qui peut attendre – éventuellement dans l’espoir fou que ces obligations s’évaporent.
Mais la plupart du temps, la procrastination est volontaire, choisie : on repousse les activités fastidieuses, pour lesquelles nous avons peu de motivation, ou peu d’intérêt visible ou mesurable à court terme. Dans cette hypothèse, le système limbique l’emporte sur le cortex : l’émotion supplante la raison.

De la phobie administrative, en passant par l’élève qui peine à boucler ses devoirs, jusqu’au manager qui traîne pour rendre ses objectifs commerciaux, nous sommes tous des procrastinateurs, à un moment ou un autre, ou dans un secteur de notre vie. Selon Odoxa, les principaux domaines dans lesquels nous procrastinons sont la pratique du sport, les tâches ménagères, l’entretien du logement, la prise d’un rendez-vous médical, le changement d’un fournisseur pour obtenir une prestation à moindre coût… Et ce qu’il est important de savoir, c’est que ce sera toujours un peu le cas. Revenir à un fonctionnement plus équilibré ne sera jamais naturel, et la procrastination s’invitera souvent dans notre quotidien – ce qui nous obligera toujours à lutter contre elle.

Pourtant, il y a de nombreuses bonnes raisons de « s’y mettre » : se débarrasser enfin d’un dossier, être considéré comme un collaborateur efficace, être organisé, en règle, vivre dans l’ordre, payer les choses en temps et heure (et non avec une pénalité), obtenir quelque chose parce qu’on y a pensé à temps, économiser de l’argent, et même…retrouver du temps pour soi. Car plus vite on « classe le dossier » et plus vite on peut passer à autre chose.

Mais la motivation principale reste celle de la tension attentionnelle : plus on diffère une tâche, et plus notre cerveau la retient. Il maintient notre attention en veille sur ce sujet, un peu à la manière d’un programme informatique qui tournerait en fond, créant une perte d’énergie (mentale) et une tension légère mais permanente.

Plan d’attaque pour procrastinateur chronique

Alors, on s’y met ? Cela vaut la peine de prendre quelques minutes pour établir sa feuille de route.

  • Première étape : trouver des motivations personnelles
    Cette tâche qui rebute, il faut la positiver à vos yeux, lui trouver des bénéfices collatéraux. Comme par exemple : vous allez vous sentir soulagé – ou fier, les autres vont avoir une bonne opinion de vous, vous aurez une sensation de légèreté, vous percevrez moins de stress ou d’anxiété…
    Bonus supplémentaire : faites une liste de ce que vous allez faire d’agréable une fois que vous aurez terminé (et avec tout ce temps gagné !).
  • Deuxième étape : repérer les sources d’anxiété
    Il peut y avoir des blocages plus ou moins conscients à l’idée de « s’y mettre » : la peur de ne pas être à la hauteur, celle d’être jugé, le besoin de contrôler totalement la situation – ou de réunir tous les moyens idéaux, un excès de perfectionnisme… La procrastination est alors une solution pratique et à court terme, entre évitement et déni.
    Prendre conscience de ce qui nous stresse – et dont l’origine est parfois totalement irrationnelle – est une manière de déjouer à l’avance ces pièges insidieux qui peuvent nous détourner du droit chemin.
  • Troisième étape : découper et planifier
    Une tâche fastidieuse peut s’alléger – ou au moins en donner l’impression – si on la découpe en sous-tâches plus courtes et accessibles. Il devient plus aisé de programmer l’exécution de ces différentes sous-tâches, en en ayant fait préalablement une évaluation temporelle. Attention, on a toujours tendance à sous-évaluer « le temps qu’il faut », ce qui pourrait nous inciter à abandonner en cours de route.  Il faut aussi établir des priorités, en fonction des urgences, pour passer de manière organisée (et non aléatoire) d’une tâche à une autre. Une ultime solution consiste à se fixer une échéance, dont on ne déroge pas.
    On peut aussi donner à cette étape un aspect ludique, en se créant des sprints ou des challenges : 5 minutes pour répondre à 10 mails, 10 minutes pour ranger le dessus de mon bureau, un dossier complété chaque jour pendant 21 jours…
  • Quatrième étape : mettre des garde-fous
    Quels jalons allez-vous placer sur votre chemin pour éviter la sortie de route – c’est-à-dire l’abandon de vos bonnes décisions, ou le report de votre projet ? Supprimer les sources de distraction ? Trouver un partenaire pour aller au sport ? Utiliser un chronomètre ou un rappel sonore ?
  • Cinquième étape : s’évaluer
    Comme on a pu le faire au début, quelques minutes suffisent pour prendre conscience du travail effectué, se féliciter (c’est TRES important), évaluer sa propre méthode et optimiser pour gagner en efficacité à l’avenir. Être efficace et performant ne signifie pas devenir parfait, cela consiste simplement à mettre la bonne énergie pour le bon résultat, ni plus, ni moins.

 

Pour aller plus loin, je vous invite à consulter quelques articles que le blog a déjà consacré à ce sujet :

3 règles pour aboutir sans écueil
Et si on se faisait un rangement de printemps ?
10 habitudes pour mieux s’organiser
Comment je suis devenue une bujoteuse