Ce qui intéresse le thérapeute, c’est le présent de la personne et ce qu’elle fait de ses traumatismes aujourd’hui. C’est un travail dans « l’ici et maintenant ». De nombreux pasteurs de l’Église protestante unie sont devenus gestalt-thérapeutes : Jean-Paul Sauzede, Bernard Chevalet, Alkaly Cissé… Le théologien Paul Tillich a eu comme étudiante Laura Perls, épouse de Fritz Perls, l’un des fondateurs de la Gestalt thérapie. Dans son livre Vivre à la frontière, elle explique : Tillich et Buber étaient beaucoup plus que des théologiens. Ils étaient de vrais psychologues. (…) Leur façon particulière d’établir le contact était essentielle à leur théorie. L’objectif de la Gestalt est de repérer les coupures de contact afin de les améliorer. Même si elle est verbale, cette thérapie fait aussi appel au corps. Le thérapeute ne cherche pas à remonter dans le passé du patient. Il est intervenant et actif, jamais directif. Il partage une partie de son ressenti, afin d’aider la personne à explorer sa difficulté.

Prise de conscience

La Gestalt thérapie est ouverte à tous. Chaque problème de la vie peut y être abordé. Toutefois, elle est particulièrement adaptée aux personnes qui cherchent à comprendre le sens et la fonction de leurs souffrances ou difficultés. À la recherche du savoir « pourquoi », elle ajoute le « sentir comment et vers quoi », qui sont des moteurs du changement. Le thérapeute favorise la prise de conscience par le patient de sa façon d’être en relation. Comment accueille-t-il ses ressentis, affects, émotions, anxiété ; comment entre-t-il en contact et se laisse approcher… Le patient prend conscience de ses blocages, difficultés, répétitions et ressources. Il réalise s’il est tourné vers lui-même ou s’il manifeste de la curiosité, de l’ouverture par rapport à ce qui se passe autour de lui.

Utilité du symptôme

La Gestalt part du principe que tout blocage ou symptôme a un sens et une fonction pour le patient. Le thérapeute ne cherche donc pas à le supprimer, ni à en trouver la cause profonde. Ce qui l’intéresse, c’est d’identifier son utilité présente. En quoi cela sert-il à la personne ? Quel en est l’élément positif et important, voire vital pour elle ? Qu’est-ce que cela lui permet d’éviter dans la situation du moment ? Quels que soient les éléments qui émergent, le patient est invité à les accueillir avec respect et une curiosité bienveillante. C’est ce qui lui permettra de développer une vision plus complète et unifiée de lui-même.

Restauration de la personne

La Gestalt favorise la description du vécu subjectif intime global du patient, dans ses dimensions sensorielles, émotionnelles, cognitives, voire spirituelles. Elle vise à remettre en mouvement, ce qui est devenu conduite répétitive, blocage ou évitement, suite à des événements douloureux. Cette thérapie offre l’occasion de restaurer l’autonomie, la responsabilité et la créativité dans la conduite de l’existence de la personne. Pour expliquer l’origine des difficultés, la Gestalt réhabilite le ressenti émotionnel et corporel. En accueillant ce qui émerge « ici et maintenant », elle place la temporalité au centre de son dispositif, permettant la mise en perspective du passé, du présent et de l’« à-venir ».
En découvrant, dans ses propres ressources, des moyens d’épanouir son potentiel, le patient atteint un mieux-être. En écrivant Le courage d’être, Paul Tillich souhaite que l’ouvrage puisse sauver l’être humain du désespoir. Il parle de la foi ; la foi en l’homme. Comme Albert Camus, Tillich est convaincu qu’il y a dans l’homme plus de choses à admirer que de choses à mépriser.