Enfant, Karine a reçu de ses parents à la fois une éducation protestante et une sensibilisation à l’art, en particulier l’art contemporain. Partie à l’âge de 17 ans avec des jeunes de sa paroisse en Afrique du Sud, à la toute fin de l’apartheid, elle a été fascinée par ce voyage et en a tiré de nombreuses photos, dont celle de la petite fille au regard profond. Rentrée à Paris, elle a hésité à devenir photographe, mais s’est résolue à suivre des études plus réalistes économiquement, en langues et communication (Celsa). Pendant ces années-là, elle voyage beaucoup, continue de s’intéresser à ce qui est différent, lointain ou inconnu. Elle se marie, part vivre quelques années aux ÉtatsUnis – elle se trouve le 11 septembre 2001 à New-York, alors qu’elle est sur le point d’accoucher de son premier enfant. Rentrée en France, elle reprend son travail et met au monde encore deux enfants, jusqu’à ce que survienne une crise professionnelle. Elle s’arrête alors et remet tout à plat : finalement, que souhaite-t-elle faire vraiment de sa vie ? Le vieux rêve de la photographie refait surface, mais cette fois-ci, elle se décide à suivre cette vocation, soutenue par son mari.
La volonté de saisir le vrai
Karine suit une formation technique et se lance ; elle cherche surtout à faire ressortir la richesse des personnalités à travers une rencontre. Elle s’intéresse en fait plus aux gens qu’aux choses (reflet de sa foi protestante ?) et ne déclenche jamais avant d’avoir échangé pour mieux comprendre. Douce et sensible, Karine dégage une certaine sérénité qui fait des merveilles pour mettre ses sujets à l’aise. Pour elle, la photo peut devenir magique lorsqu’elle permet de saisir une vérité de la personne. C’est un langage qui peut être très fort, à condition de parvenir à être pleinement en empathie avec le sujet, pour qu’il accepte de donner quelque chose de sa vraie personnalité et sortir de l’apparence verrouillée pour le tout-venant.
La richesse des rencontres
Un des premiers projets personnels qu’elle a pu mener à bien fut d’ailleurs un défi : photographier des détenus. Elle raconte que c’était pour eux un moment rare où ils étaient regardés en tant que personnes et non comme repris de justice. Une exposition de ces photos est prévue en décembre avec le Casp à la mairie du IVe à Paris, signe de l’intérêt que l’on commence à porter à son travail. Cette année, la sensibilité de Karine lui a permis aussi de répondre à une demande de l’Entraide protestante pour faire un travail sur l’intergénérationnel, où il fallait montrer l’importance du lien entre les personnes âgées et les plus jeunes aux seins des associations de la FEP. Le résultat s’insère dans une exposition qui doit tourner dans toute la France. Autre rencontre fructueuse : avec sœur Mireille. Pour les 175 ans de la Fondation des diaconesses en 2017, les sœurs ont souhaité réaliser un livre sur la Communauté à Versailles et au Moutier. Ce livre, écrit à quatre mains avec des photographies de Karine et un texte de Frédéric Casadesus, sortira en octobre.
À côté de tous ces projets, Karine mène aussi la vie d’une femme engagée dans son Église locale et aux EEUdF où sont ses enfants. Elle voudrait en faire encore davantage et regrette que ce soit si difficile avec des journées toujours trop courtes mais passionnantes. Revenir en arrière ? À aucun prix ! Tout cela déclenché par une petite fille africaine dont elle a su percevoir une profondeur, et dont la photo a été publiée… dans Paroles protestantes (à l’époque Voix protestante).
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