Vacances, week-ends ou sortie au restaurant, quand il s’agit d’occuper les enfants, le recours aux écrans est facile. Ces derniers exercent un effet hypnotique sur eux, et quasi-magique en terme de retour au calme. Pourtant, leurs conséquences négatives sur le développement psycho-moteur et relationnel des petits sont désormais bien établies. Il est d’ailleurs question d’interdire l’accès aux écrans pour les tout-petits de moins de trois ans gardés par une nounou agréée ou une crèche. 

L’excès de l’usage de la télévision, d’une tablette ou d’un smartphone dégraderait significativement la qualité du langage, les aptitudes motrices et la capacité de l’enfant à interagir avec son entourage.

Il en est tout autre pour l’une des activités que les enfants font le plus naturellement : dessiner. Sur le sable, sur une feuille de papier ou… sur les murs, un enfant à qui l’on tend un bâton ou un crayon aura naturellement tendance à dessiner. Le dessin est un activité qui ne demande que peu de matériel, pas d’électricité, et qui peut occuper pendant des heures, en procurant de nombreux plaisirs.

Pourquoi dessiner ?

Parce qu’il précède l’écriture, le dessin est le premier moyen pour les enfants de s’exprimer, d’ordonner leurs pensées, d’exprimer leurs émotions et de rendre compte de leurs expérimentations, d’une manière non verbale.

Dans certaines situations, il est plus facile pour un enfant de dessiner ce qu’il ressent, plutôt que le verbaliser. Cela l’aide néanmoins à structurer les expériences de sa jeune existence.

Dessiner, oui, mais surtout à la main. On met de côté les tablettes et autres procédés électroniques pour utiliser un bon vieux crayon, des feutres, des crayons de couleurs, des pastels ou des crayons gras, de la peinture, du papier, un cahier… Car dessiner à la main améliore le développement de la motricité fine chez les enfants.

Tenir un crayon, manipuler les couleurs et les formes, coordonner les mouvements pour créer des images contribuent à améliorer leur vison, leur contrôle musculaire et leur précision, ainsi que le lien œil-main-cerveau. Autant d’habiletés qui faciliteront ultérieurement l’écriture, et bien d’autres capacités encore.

Créativité et imagination

Cet intérêt fonctionnel n’est pas le principal. Dessiner développe tout naturellement la créativité et l’imagination. Les enfants créent spontanément des mondes sortis de leur imagination – et non imposés par l’univers des jeux qu’on leur soumet. Ils inventent des histoires, explorent des idées nouvelles ou fantaisistes, à travers leurs dessins. Cela favorise l’émergence de leur pensée créative et de leur capacité à résoudre des problèmes de manière inventive.

Dessiner s’avère également une activité apaisante et équilibrante pour les enfants. Cela leur permet de se poser, de se concentrer sur le moment présent et de canaliser leurs émotions de manière positive.

Nuls stimuli extérieurs, ni bruits incessants. Le cerveau d’une personne qui dessine se met au bout de quelques minutes en mode « ondes alpha », celles associées à l’état de relaxation. En expérimentant fréquemment ce retour au calme, un  enfant aura d’autant plus de facilité à le rechercher et à le provoquer par la suite.

Enfin, il ressent une satisfaction à créer, un plaisir réel à produire quelque chose qu’il apprécie, et qui lui donne confiance en lui – aussi longtemps qu’on ne vise pas la compétition ou la comparaison.

Comment les encourager ?

On pense souvent que le dessin est l’apanage de l’enfance. Les adultes qui les entourent ne sont donc pas toujours de très bons guides en la matière.

La première chose à faire est sans doute de ranger tout ce qui pourrait détourner facilement de cette activité, et en premier lieu, les téléphones. Parents, soyez exemplaires, de temps en temps !

Ensuite, il faut avoir un peu de matériel, même très simple. Poser sur une table des feuilles, des crayons, des feutres… Un enfant est naturellement attiré par la couleur, il va vouloir en faire rapidement l’expérience. Il faut donc lui laisser le temps de s’approprier les choses, sans être là pour « montrer », en dessinant un modèle que l’enfant n’aurait plus qu’à reproduire. Mais, on peut donner l’exemple : s’asseoir à côté de lui, commencer à dessiner de son côté, l’encourager à faire de même… On peut alors s’amuser à dessiner les mêmes choses – chacun en en donnant sa version.

Le dessin ne doit pas forcément avoir une finalité ou un objectif (comme par exemple « une carte pour l’anniversaire de Mamie »), ni viser un résultat beau, voire parfait. On a le droit de se tromper, de raturer ou de tâcher sa feuille quand on dessine juste pour le plaisir.

Pour habituer un enfant à développer son imagination et sa créativité, on peut ouvrir avec lui des livres de contes, parcourir des photos de voyages, se remémorer des souvenirs de vacances… et l’inviter ensuite à produire sa propre vision des choses. Pendant les vacances, visiter un musée est aussi une bonne manière de l’habituer à exercer son œil et son esprit critique, même s’il se résume parfois en « j’aime » ou « j’aime pas ». On peut aussi dessiner un carnet de voyage, en illustrant les lieux où l’on est passés, les personnes qu’on a rencontrées ou les activités que l’on a faites.

On estime que la plupart des enfants arrêtent de dessiner aux alentours de 8/10 ans, principalement parce que, arrivés à cet âge, les adultes autour d’eux qualifient cette capacité « d’activité pour les bébés » et estiment que l’écriture ou la lecture doivent la remplacer, parce que « plus sérieuses ».  C’est bien dommage, car un adolescent – et un adulte – qui continuent à dessiner conservent des dispositions à la créativité et un esprit d’innovation.

Il ne faut donc pas hésiter à encourager les ados à continuer à dessiner. Il y a toujours la période où ils vont aimer reproduire ce qu’ils affectionnent – les mangas en particulier. Mais c’est toujours une manière de les laisser observer, créer, et  prendre un temps hors du temps.

Dessiner est une activité gagnant pour les vacances, à tester en famille sans aucune modération !