La sylvothérapie fait l’objet depuis ces deux dernières années de nombreux articles et ouvrages. Cette idée « nouvelle » a pourtant un siècle – voire plus. Le blog vous donne quelques conseils pour « pratiquer » et vous offre en prime un exercice audio : La méditation de l’arbre.
Il y a plus d’un siècle déjà, les balades en forêt étaient prescrites par les médecins, autant pour se ressourcer que pour soulager les affections respiratoires. Elles étaient alors très prisées dans les forêts du Sud-Ouest, autour du bassin d’Arcachon ou encore à Fontainebleau. Le fait qu’elle aient été détrônées par la thalassothérapie (une nouvelle lubie de l’époque !) explique peut-être qu’elles soient tombées ensuite dans l’oubli.
Si enlacer un arbre vous fait sourire – évoquant une secte bizarre ou un mouvement écologiste farfelu – vous avez tort ! Les bienfaits des arbres sur la santé humaine commencent à être sérieusement établis. C’est le gouvernement japonais qui va remettre au goût du jour, au début des années 1980, comme une nécessité, l’ancestral Shinrin Yoku, le « bain de forêt », en lançant un programme national de santé visant à promouvoir la marche en forêt et la préservation de la nature.
Se balader en forêt présente non seulement les attraits de la marche (une activité physique d’endurance, bonne pour le cœur et quasiment accessible à tous), mais elle apaise aussi notre mental et a des effets bénéfiques sur notre système immunitaire, qu’elle renforce.
Il y a quelques années déjà le psychiatre Christophe André évoquait la « vitamine verte »*, montrant les atouts de la chlorophylle sur notre bien-être, en s’appuyant sur deux études. L’une établissait que les patients d’une clinique dont la chambre donnait sur le parc se rétablissait plus vite que ceux alités dans une autre aile. L’autre montrait que les promenades en forêt renforçaient les fonctions cognitives : attention, concentration, mémoire et même créativité se trouvaient améliorées.
Nous savons désormais que respirer en forêt a tout pour nous faire du bien car non seulement c’est l’un des espaces les moins pollués de la planète, mais l’air y est naturellement enrichi en oxygène. Sous l’effet du soleil, une partie de cet oxygène est transformé en ozone, qui possède des propriétés désinfectantes. De plus, les arbres libèrent dans l’air des phytoncides, des molécules antibiotiques qui accèdent directement à nos poumons. Chaque essence libère des molécules aux propriétés légèrement différentes : apaisantes, dynamisantes, désinfectantes, régulatrices de l’hypertensions… Les pins, sapins et autres épicéas sont les arbres les plus riches en composés volatiles aux propriétés antiseptiques et décongestionnantes pour les voies respiratoires. Pourquoi ne pas profiter dès maintenant d’une petite promenade dans une forêt de pins maritimes ?
Pour que le bain de forêt soit efficace, mieux vaut d’abord éteindre son portable. On peut marcher seul ou à plusieurs, mais en remplaçant progressivement la conversation par une écoute attentive des bruits de la nature : bruissements des feuilles, craquements des branchages, souffle du vent, chant des oiseaux… Cette attention aux bruits, comme en méditation, a des effets apaisants car elle fait baisser notre taux de cortisol, l’une des hormones du stress. Une marche de trente minutes est conseillée, mais il n’y a aucune contre-indication sur la durée !
On peut aussi s’asseoir, en s’adossant contre un tronc. Là on ressent davantage la force de l’arbre, son enracinement, son caractère immuable… Quelques minutes de méditation, de prière intérieure ou d’écoute attentive s’avèrent à nouveau bénéfiques. Pourquoi ne pas en profiter pour sortir un petit carnet et écrire quelques pensées, notes ou esquisser quelques dessins ?
Enfin, testez le tree hugging, le câlin à l’arbre. Enlacer un arbre nous met en contact avec son écorce, et peut nous connecter à l’énergie de l’arbre. Sous l’écorce apparemment immobile, c’est toute une vie qui bat, qui vibre, tout comme la sève qui parcourt l’arbre, de l’extrémité de ses racines jusqu’à la pointe de la plus petite feuille. Loin d’être ridicule, ce petit exercice de plus en plus prisé donne un sentiment de paix intérieure.
Il faut dire que l’image de l’arbre présente une symbolique forte : il s’enracine dans la terre, tout comme nous nous appuyons sur nos qualités, compétences et expériences et il s’élance vers le ciel, tout comme nous échafaudons projets ou tentons de nouvelles expériences. Et même si les aléas de l’existence ou les événements de la vie nous touchent, tout comme les caprices de la météo ou des saisons affectent les branches de l’arbre, seule compte la solidité. A moins qu’il ne soit déraciné, l’arbre tient bon car il sait qu’il a des racines – de même que nous gagnons à savoir d’où nous venons et qui nous sommes – et quoi qu’il arrive ses branches repoussent, ses feuilles reverdissent, et de nouvelles branches s’ajoutent à celles qui étaient mortes.
La Bible n’a-t-elle pas souvent glorifié les arbres ? De l’arbre de vie planté au milieu du jardin d’Eden, jusqu’au caroubier du fils prodigue, en passant par le rameau sorti du tronc de Jessé, des forêts entières peuplent les Textes pour parler aux hommes, comme un trait d’union entre le Ciel et la Terre.
- Pour aller plus loin :
– Mon cahier Bain de Forêt, Annie Casamayou, Editions Solar
– Shinrin Yoku : Les bains de forêt, le secret japonais pour apaiser son esprit et être en meilleure santé, Pr Yoshifumi Miyazaki, Editions Trédaniel