Le 12 septembre au soir à la paroisse catholique Saint-Jean, à Strasbourg, le groupe de couples chrétiensmusulmans, conduit depuis 2015 par la Commission protestante de dialogue avec les musulmans (CPDM) de l’UEPAL1 , se retrouve pour la première fois depuis la rentrée. Après un partage de repas, les dix-sept personnes réunies, dont cinq couples et des responsables religieux, se mettent au travail. Le groupe prépare une journée de rencontre prévue le 16 novembre et une brochure de quatre pages. Elle sera proposée aux couples mixtes en recherche comme aux pasteurs, prêtres et imams, afin que ceux-ci comprennent mieux ces unions et aient des clés pour les accompagner.

Côté protestant, «l’accompagnement vers un mariage interreligieux n’est pas formalisé et dépend du pasteur», explique Danielle Mathieu, présidente de la CPDM. Les cérémonies interreligieuses sont possibles. Dans les faits, des questions liées aux différences entre familles sont souvent soulevées. À l’occasion d’un jeu de rôles, un faux couple propose: «Ma future épouse prendra mon nom. Pour respecter sa culture nous voudrions un prénom “français” pour notre enfant. Mes parents ne l’acceptent pas. – Les miens me disent que si ma fille s’appelle Jamila ça n’ira pas !»

Les rites d’accueil des enfants (baptême et circoncision) peuvent aussi devenir une source de crispation. La CPDM encourage les conjoints à débattre ces questions, quitte à devoir briser des «silences» issus d’appréhensions. «La vérité d’un couple se trouve entre ses deux membres», commente Jean-Marc Dupeux, pasteur délégué à la CPDM.

«Tous les couples ont des cultures différentes et doivent apprendre à se parler. Pour les mariages interreligieux, c’est primordial, sinon les différences de religion et de culture seront accusées en cas de difficulté», souligne Danielle Mathieu.

Dans le judaïsme, pas de mariage mixte religieux

Le pendant de la CPDM au sein de l’UEPAL pour le dialogue avec le judaïsme ne propose pas d’accompagnement semblable pour les couples protestants-juifs. Son président, Thierry Legrand, estime cela improbable en France. «L’institutionnaliser serait une manière d’encourager les choses.

Or dans le judaïsme, les femmes comme les hommes ne peuvent pas se marier religieusement avec un non juif ». Élie David, président de l’Union juive libérale de Strasbourg, précise : «Le mariage juif est un contrat qui lie deux juifs entre eux au regard de la loi juive ». Par conséquent, indique Thierry Legrand, si une bénédiction est effectuée par un pasteur contacté par un couple mixte, un rabbin ne peut pas s’y associer. Si certains courants s’interdisent totalement les unions mixtes pour éviter tout risque de «dilution» de la minorité juive, d’autres les admettent à condition qu’il ne s’agisse pas d’un mariage religieux.

«C’est une réalité sociologique, des juifs vivent maritalement avec des non juifs ou en épousent civilement », dit Élie David. Dans ce cas, précise-t-il, aucune publicité n’est faite par l’institution qui recommande par ailleurs une éducation juive pour les enfants. Mais, notamment pour leurs rites d’accueil, le parent non juif pourra être accueilli. Aucune statistique sur le nombre de mariages interreligieux n’existe au sein de l’UEPAL.