Dans mon sac à main, une balle de ping-pong, conversant avec un dinosaure. Une Barbie sirène, échouée dans la salle de bain, semble attendre le plongeon du soir. La poupée a perdu son manteau dans les escaliers, tandis qu’une balle de tennis prend la poussière depuis trois semaines sur une étagère et qu’un cahier de collégien se meurt sur le dessus du radiateur accompagné d’une vieille chaussette en 45.

De ces objets éparpillés, je ne sais plus quoi faire

Je les balance sans conviction dans un panier du salon, rassemble les crayons, pièces de Lego, chapeau de Playmobil, et dés abandonnés dans un vide-poche débordant, faisant côtoyer trésors enfantins, Kleenex, timbre poste et dernière facture. À partir de cela, nous pourrions même inventer un sujet de rédaction : « Après avoir découvert ce qui se trouve dans le vide-poche, décrivez une scène familiale. »

Je répète et me répète : « Merci de ramasser vos affaires ».

L’éducation est à base de répétition, dit-on, mais certains jours j’ai l’impression de piétiner : c’est un fait, mes enfants s’étalent. Et cela me décourage, m’agace, me crispe. Mère de famille nombreuse, j’ai renoncé depuis longtemps à vivre dans une maison aseptisée. À vrai dire, je n’y tiens même pas : j’aime ce mouvement de vie qui nous caractérise, caché dans ces objets perdus. J’aime le voir placer par petites touches, un peu de couleurs dans mon quotidien, le déranger, moi qui voudrais souvent tout maîtriser.

Mais un minimum vital me semble de rigueur, non ?

L’appropriation de l’espace d’une maison ou d’un appartement m’a toujours intéressée. Depuis que je suis maman, j’aime observer la façon dont mes enfants investissent les différents lieux de vie qui nous ont abrités, certains très grands, d’autres très petits. Essayer de comprendre ne veut pas dire adhérer, mais j’y puise à chaque fois des informations précieuses sur ce que nous vivons au niveau familial, et sur ce que chacun éprouve de façon plus personnelle en fonction de son âge et de son […]