Une sieste ensemble, un coussin sous mon ventre colossal. La chaleur de l’été se cogne aux volets à demi fermés, les rideaux frissonnent, et tu me caresses de l’intérieur par vagues, toi, mon bébé que je ne connais pas encore. 

Pieds nus la nuit sur le parquet, j’entre dans ta chambre moite qui sent le lait et la lessive.

Tu m’attends, les yeux grands ouverts dans ton berceau, tes petits poings serrés, tes ongles minuscules et ta bouche en bouton de rose qui attend mon sein. 

Pas un cri, pas un pleur, je m’approche en douce de la porte de ta chambre et je te vois assis dans ta petite salopette, concentré à t’en froisser le front. Tu essaies de faire entrer un cube dans un trou rond et ça t’absorbe entièrement.

Dans la voiture, ton fauteuil est vide.

Je t’ai laissé à la crèche pour quelques heures d’adaptation, tu ne t’es même pas retourné quand je suis partie. Je suis fière et mélancolique. Le temps de notre bulle est terminé, nous sortons doucement de notre face-à-face […]