Être mère faisait partie de ma définition d’une vie réussie, mais je passe pourtant le plus clair de mon temps à attendre que le temps passe, parce que plus tard, ça ira mieux. Et un jour, on se retourne sur sa vie, et on se rend compte qu’on a oublié de la vivre vraiment. Mais comment faire ? N’est-ce pas la structure même du temps qui fait que le présent est presque insaisissable, et qu’au moment où j’essaye d’en profiter, il n’existe plus, puisqu’il est passé ? 

Tout ce que je vis est transformé en passé.

C’est le paradoxe du temps dont parle le philosophe saint Augustin, dans son livre des Confessions : « il y a deux temps, le passé et l’avenir ; mais que sont-ils, puisque le passé n’est déjà plus, et que l’avenir n’est point encore ? Quant au présent, s’il était toujours présent, s’il n’allait pas rejoindre […]