2020 et 2021 auront été des années plus que fatigantes, avec une succession d’incertitudes, de « stop and go », d’adaptations, de polémiques… Si l’on en croit certains médecins, nous ne sommes pas au bout de nos peines, et il y a fort à parier que la présence de virus particulièrement contagieux soit désormais notre lot commun, une réalité face à laquelle il va falloir désormais composer.

Pour autant, les situations vécues ces derniers mois ont engendré fatigue physique, lassitude psychologique et instabilité émotionnelle. L’hyper-réactivité et l’agressivité (dont j’ai déjà parlé il y a peu) sont encore très présentes chez des personnes qui se sentent victimes de la situation, et n’ont plus aucun recul.

La tentation est grande de faire de cet été une saison de compensations en tous genres, en s’adonnant à l’excès à tout ce qui nous a manqué, dans une quête frénétique de rattraper le temps perdu. Cet espoir est bien vain car ce qui ne s’est pas fait ne se fera plus, et il faut absolument écouter la fatigue, qui exige que nous rechargions nos batteries, dans tous les sens du terme. Qui plus est, sans virer à la paranoïa, il faut malgré tout limiter les risques d’aggravation de la situation sanitaire, surtout en présence des fameux variants, dont on ne sait pas encore très bien ce qu’ils nous réservent. Cet été, notre programme de vacances va devoir s’équilibrer délicatement entre légèreté et prudence.

Une vigilance adaptée à la situation

Il reste prudent de protéger les plus fragiles (nos parents/grands-parents) bien que la plupart d’entre eux soient vaccinés. La distanciation peut être une bonne habitude à conserver, et l’été permet de faire beaucoup d’activités à l’extérieur – y compris déjeuner/dîner, ce qui réduit les risques quasiment à néant. J’ai de plus en plus tendance à limiter la bise (ça m’arrange, je n’aimais pas beaucoup cela) et à la remplacer par un check avec mes amis, ou une étreinte façon hug avec mes proches. Et on a vu que le lavage répété des mains a empêché la propagation de la plupart des maladies hivernales, autant en conserver l’habitude.

Faut-il interdire aux plus jeunes de sortir, au risque de se contaminer mutuellement ? Cette injonction paraît impossible, et à vrai dire peu souhaitable, quand on considère les deux années scolaires qu’ils viennent de passer – quel que soit leur niveau d’études. Nos jeunes ont besoin de s’amuser ! Le conseil le plus sage serait de les inviter à se faire vacciner, un rempart plus sûr que n’importe quelle précaution comportementale. Beaucoup y ont d’ailleurs déjà cédé. Il semblerait même que leur sens du collectif soit plus développé que celui de certains septuagénaires !

Je ne rentrerai pas dans le débat des « pour » ou « contre » mais force est de constater que depuis un siècle et demi la vaccination a fait progresser notre niveau de santé. Il est désespérant de voir s’affronter d’un côté les vaccinés, de l’autre ceux qui ne le sont pas, ces derniers se sentant stigmatisés par les premiers. Toutes les théories qui tendraient à démontrer que les vaccins auront, à plus ou moins long terme, des effets secondaires, sont battues en brèche par une réalité : que pourrait-il se passer, maintenant, si personne n’était vacciné ?

J’ai fait mon choix il y a quelque temps, et je m’en réjouis, même si j’ai conscience que le vaccin n’est pas un passeport d’immunité absolu.
Si le port du masque n’est plus aussi obligatoire partout, il reste un accessoire pratique dans des circonstances extrêmes (foule, lieux clos). Attention en vacances aux marchés bondés, aux terrasses couvertes où l’on est à touche-touche. Un masque à portée de main, bien plié dans sa poche ou son sac (et dans un petit sac congélation, pour ne pas le salir) ça ne coûte pas grand-chose, et on peut le dégainer dès qu’on en ressent la nécessité…

Enfin, je conseille vivement de continuer à temporiser les informations en tous genres – dont certaines sont obsolètes au bout de quelques jours. Pourquoi ne pas profiter de l’été pour ranger son téléphone pendant une journée, ou remplacer la télé par des soirées jeu, à discuter ou à se balader ?

S’adonner aux plaisirs simples de l’été

Une fois ces préalables bien intégrés, le plus important est de profiter. Et il y a des étapes incontournables pour cet été, que l’on parte près de chez soi, dans la famille, ou un peu plus loin.

– dormir

Je donne la priorité absolue à la récupération. Beaucoup d’entre nous dorment mal, que ce soit en général ou depuis quelques mois – et en partie du fait de l’anxiété. Bien dormir est essentiel à notre équilibre physique, intellectuel, psychologique, émotionnel… C’est le moment où jamais de refaire son stock d’énergie. Si on se couche tard, il faut se lever tard, sans avoir la sensation de manquer quelque chose dans la journée. Et on réhabilite la sieste, surtout après déjeuner, et encore plus à l’extérieur.

– canaliser l’hyperactivité

Les vacances ne doivent pas être une succession d’activités de loisirs, à l’image des sollicitations que l’on empile toute l’année. Même si l’envie d’apprendre la poterie, de visiter tel monument, de découvrir à pied telle région vous taraude, acceptez cette année de limiter vos ambitions – et sans culpabiliser. Vous ferez le marathon du tourisme une autre fois. Il vaut mieux privilégier quelques activités/visites dépaysantes, qui changent les idées, et sans essayer à tout prix d’être productif.

– renouer avec la nature

On l’a maintes fois constaté, c’est le contact avec la nature qui nous manque le plus tout au long de l’année, particulièrement en ville. Et c’est aussi celui qui nous évade le plus. Au-delà des balades en forêt ou marches en montagne ou sur la plage, il y a aussi une nécessité de retour vers le vivant. Planter, récolter, cueillir nous est utile, de même que de pouvoir prendre soin des animaux. Parmi les enseignements de la pandémie, on a intégré que nous n’étions qu’une part du vivant sur terre, que tout ce qui vit est en lien, et qu’il est grand temps de s’en préoccuper…

– réveiller ses sens

Je suis une adepte de la méthode Vittoz, du nom de ce médecin suisse qui avait souligné l’importance de la pleine réceptivité – on dirait aujourd’hui « pleine conscience ». Il avait constaté que plus on se connectait aux sensations corporelles, et moins on restait dans la rumination. Le corps prend alors le pas sur le mental, pour nous redonner une sensation d’équilibre. C’est très très libérateur !
En été, les occasions ne manquent pas, que ce soit autour de la cuisine, des parfums, des couleurs ou des formes que l’on admire, de tout ce que l’on goûte, savoure… Si vous ne connaissez pas (encore) le merveilleux Sel de la vie*, de Françoise Héritier, je vous en propose une version toute personnelle dans cet article. Nul doute que vous en trouverez d’autres déclinaisons !

Il est temps de prendre grand soin de soi, non pas de façon égoïste, mais d’une manière raisonnée. Au-delà du risque sanitaire collectif, la récupération est la condition primordiale pour envisager la rentrée sous les meilleurs auspices.

* Odile Jacob, 2017