Journées d’école archi-remplies, devoirs, écrans, sport, musique, soirées pyjama et parfois deux domiciles… Beaucoup d’enfants et d’ados ont des agendas dignes de ceux des adultes.

« Jusqu’à sept ou huit ans, un enfant a juste besoin de jouer, d’expérimenter plein de choses dans un cadre sécurisant », affirme David Dutarte. Il met en garde contre l’empilement des activités extra-scolaires « pas toujours adaptées » et estime qu’« il peut y avoir de la négligence voire une forme de maltraitance à l’égard de certains enfants » si on les pousse toujours au-delà de leurs limites. « On a tous envie que nos enfants réussissent. Mais c’est quoi réussir : faire carrière ? Fonder une famille parfaite ? Dans ce cas, on leur met la barre très très haut et ils s’adapteront cahin-caha. Mais si on considère que réussir, c’est d’abord l’épanouissement intérieur et relationnel, cela demande de les accompagner autrement », explique-t-il.

En ce domaine il n’existe ni « trucs » ni recettes toutes faites, mais, pour David Dutarte, il est important que l’adulte montre l’exemple : « Un parent qui vit à 200 à l’heure va transmettre son stress à ses enfants tandis qu’un parent apaisé est beaucoup plus à même de prendre soin de lui », note-t-il. Et d’insister sur la nécessité de passer, y compris avec ses enfants et petits-enfants, du registre du « faire » à celui de l’« être », même si « c’est difficile car en général nous avons intégré des impératifs de performance ».

La nécessité de s’ennuyer

L’expert insiste sur la nécessité, pour les enfants comme pour les adultes, de se poser voire de s’ennuyer : « Les activités et les écrans captent notre ennui et nous situent du côté du faire ; l’ennui, lui, demande d’aller chercher en soi une force pour l’habiter d’une manière ou d’une autre », explique-t-il. « Prendre le temps de s’assoir par terre, regarder comment l’enfant joue et parfois jouer avec lui ; préparer le repas et l’inviter à être simplement avec nous plutôt que devant un écran car là des choses peuvent être dites… C’est tout simple au fond », conclut David Dutarte non sans lucidité : « Cela va bien au-delà des bonnes résolutions qui durent trois jours ; c’est un long chemin qui nécessite de sortir des schémas classiques. »

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