Le conseil en orientation est un métier qui existe depuis plusieurs années mais qui connait un développement récent dans le domaine de l’orientation scolaire.

Elisabeth Oiknine est conseillère en orientation professionnelle et scolaire à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) depuis 15 ans. Après une carrière dans les ressources humaines, elle s’est dirigée vers ce métier de conseil pour accompagner les adultes en réorientation professionnelle, mais aussi les jeunes qui se cherchent – et « galèrent » pour choisir leurs études supérieures ou leur futur métier. Elle a notamment exercé au sein du service d’orientation de la Fondation des Apprentis d’Auteuil à Paris et vu défiler des centaines d’élèves désorientés. Elle a bien voulu nous faire découvrir les possibilités de cet accompagnement.

Il faut bien le dire, les années lycée sont jalonnées de choix successifs à faire pour les jeunes – et leurs parents : filière, options… Un parcours du combattant qui va se conclure en Terminale par le fatidique APB (admission post-bac), le site internet du Ministère de l’Education nationale qui permet de sélectionner l’inscription aux études supérieures – mais que certains vivent comme un couperet. Parlez-en autour de vous, tous les parents qui sont passés par là ont connu incompréhension, doutes, angoisses ou stress ! Bien sûr, chaque lycée est doté d’un service d’orientation, bien documenté, mais il faut s’y repérer et un ado est vite perdu s’il n’a pas déjà une petite idée de ce qu’il veut faire. Et les conseillères, bien que très investies, sont néanmoins rarement en prise avec la réalité du marché du travail et ne peuvent effectuer de suivi personnalisé. Pour que ces trois années se déroulent dans la sérénité – car en dernier lieu il faut aussi réussir le baccalauréat – il est intéressant de se faire accompagner.

Quand consulter un conseil en orientation ?

Dès la Seconde, ce parcours peut s’avérer intéressant pour choisir la filière du bac – ou s’y retrouver parmi les filières technologiques. « Le choix de la filière est une anxiété. Or il vaut mieux qu’un élève aille en ES avec la garantie d’un bon dossier scolaire, plutôt qu’en S avec un dossier moyen », confie la conseillère.

En Terminale, le travail va naturellement s’orienter sur le choix des études post-bac, avec une projection sur le futur, c’est-à-dire la capacité à entrer dans la vie active. Elisabeth Oiknine constate : « Les parents veulent pour leur enfant ce qu’il y a de mieux par rapport au marché du travail. Or, il y a des filières que les parents ne connaissent pas – et d’autres à l’inverse qui sont plébiscitées par les jeunes, mais qui effraient les parents, comme les filières artistiques par exemple ou les métiers que les ados ont idéalisés à travers des séries télévisées. » L’idée est alors de construire avec le jeune un projet professionnel selon ses capacités, ses envies… et les débouchés. Toutefois rien n’est jamais fixé de manière définitive : il s’agit d’initier des pistes, en gardant des ouvertures pour que les choses se décantent. Pour cela, il faut un professionnel qui exerce une veille permanente pour avoir une bonne connaissance des formations (accès, programmes…), mais aussi des débouchés. « Je peux aussi aider à faire un classement judicieux dans APB », reconnaît la consultante, « car même les filières dites non sélectives, comme les facultés, peuvent s’avérer complètes ».

Comment ça se passe ?

Le bilan d’orientation scolaire s’articule en général autour d’un certain nombre de séances entre le conseiller et l’élève. « Pour ma part j’organise trois séances de deux heures avec le jeune, et une séance de deux heures de restitution avec les parents. », précise la conseillère. Ces temps d’échanges sont basés sur l’écoute, la bienveillance et la disponibilité d’esprit car, à terme, il est vital que le jeune s’approprie son projet et qu’il se sente dans un dialogue de confiance.

Le bilan mobilise trois outils :

  • la maïeutique. Cette technique de questionnement inspirée de Socrate vise à faire « accoucher la vérité de la personne ». D’une séance à l’autre, le jeune est amené à se poser les bonnes questions. Il a aussi un travail personnel de recherche et de documentation à faire sur les métiers ou formations qu’il envisage. A chaque stade, il est partenaire de son parcours et associé à ses choix.
  • les tests psychotechniques d’aptitude. Ils ne sont en rien des tests d’intelligence. « Par le biais d’une comparaison de performances entre le candidat et des sujets du même âge, on met en évidence les mécanismes intellectuels qu’il utilise le plus favorablement, et avec quel niveau d’efficience ». Certains jeunes sont davantage littéraires ou créatifs, d’autres logiques – ou ont une aisance particulière avec les chiffres… « Je tiens bien évidemment compte du niveau scolaire et des commentaires des professeurs. Il faut parfois savoir lire entre les lignes du bulletin scolaire ». Ces aptitudes sont donc considérées au regard des filières envisagées.
    « En fonction des capacités naturelles, je propose des filières plus ou moins exigeantes. Il ne s’agit pas que l’ado soit dans un effort constant, ni se mette en échec, mais qu’il puisse évoluer positivement dans sa zone de confort ».
  • les questions – réponses. Le jeune est soumis à un certain nombre de questions d’intérêt professionnel. Il se dégage alors une prise de conscience progressive de ses intérêts et de ses comportements, qui va elle aussi orienter les choix. L’objectif est de donner confiance au jeune et qu’il reparte avec un projet construit et justifié et faire en sorte qu’il choisisse la bonne formation.

Au terme de ce bilan, la restitution est faite au(x) parent(s) seul(s). Cela permet d’évoquer tous les points sans réserve, ni crainte que l’adolescent ne « prenne mal » un avis sur ses capacités ou envies. « La restitution est là pour rassurer les parents. Le regard externe est idéal car cela évite les projections, car la plupart du temps les parents ignorent la réalité des métiers ».

Le coût d’un bilan d’orientation se situe entre 400 et 600 € pour un bilan complet. Un investissement certain, qui peut passer pour une discrimination entre les élèves, mais qui peut être un facteur d’apaisement pour l’adolescent qui s’y engage. Car le bilan a parfois des effets secondaires immédiats et inattendus : le jeune qui a pris conscience de son objectif se remet au travail avec motivation car il sait désormais où il va et ce qu’il doit faire pour espérer aboutir.

4 conseils aux jeunes qui se sentent perdus dans leur orientation

  • Fréquenter les forums des métiers organisés par le lycée. On y rencontre des professionnels qui peuvent donner une vision du métier « de l’intérieur ». Ne pas hésiter à poser des questions pratiques (horaires, rythme, inconvénients, rémunération…).
  • Faire les portes ouvertes des écoles ou formations qui intéressent. Cela permet d’être conscient du niveau exigé mais aussi de s’imprégner de l’ambiance, de l’environnement, de l’approche des professeurs…
  • Aller à des salons – type Salon de l’Etudiant – à condition de savoir exactement ce que l’on veut y voir. Pré-sélectionner quelques formations et s’y tenir, sinon on peut vite se sentir découragé devant le flot de formations présentées.
  • Se méfier des écoles avec une démarche trop commerciale : plaquette rutilante, discours accrocheur… Elles cherchent avant tout des clients. Les universités sont également présentes aux salons étudiants, mais elles « démarchent » moins. Il faut être davantage pro-actif.

Merci à Elisabeth Oiknine pour ses précieux conseils.

Son site internet : www.orientationjeune.com

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