Je suis en fin de grossesse, j’accouche bientôt de mon premier enfant. Voilà des semaines qu’on me serine de « profiter ». Il faut que je profite de mes derniers moments seule ou à deux. Que je profite de dormir, que je profite du soleil, que je profite du silence, et j’en passe. La première chose, c’est qu’il est difficile de profiter puisque je porte une pastèque de 3 kilos entre le pubis et le diaphragme, et que, littéralement, j’étouffe. Le silence n’existe pas puisque je suffoque. Le soleil n’existe pas car je vis en Bretagne. Le repos n’existe pas car il m’est impossible de trouver une position convenable tandis que mon bébé est très actif.

Passons. 

Ce qui m’agace le plus dans cette injonction à profiter

(et c’est la seconde chose), ce n’est pas tant de ne pas y parvenir (c’est vrai, je pleurniche facilement en cas d’échec, mais bon), c’est que je trouve ça triste. Je suis enceinte pour avoir un bébé. Je suis enceinte pour que mon compagnon et moi devenions parents. Je ne suis pas enceinte pour le rester indéfiniment […]