A cette époque de l’année riche en examens pour les plus jeunes (ou en évaluations pour ceux qui travaillent), l’appréhension, l’anxiété et la peur de l’échec nous étreignent autant qu’elles bloquent nos ressources ou nous privent de nos moyens – ces moyens (connaissances, aisance, assurance…) si nécessaires, justement, pour aboutir. Et si on faisait le pari de Pascal, pour empêcher la peur de l’échec de nous faire échouer ?
Tout événement qui présente un enjeu pour nous, et que l’on anticipe, est généralement appréhendé sur un mode anxieux. Que va-t-il se passer ? Et si on échouait ? Quelles conséquences terribles allons-nous devoir affronter ? Comment le supporterons-nous ? Par quels sentiments allons-nous devoir passer ? Les questions nous taraudent et les doutes épuisent notre énergie ou entament notre motivation. Et cette saturation mentale est contre-productive et empêche que notre énergie et notre intellect soient mobilisés sur ce que nous avons à accomplir.
Que vous soyez étudiant à la veille d’un examen, ou sur le point de passer un entretien ou une évaluation qui a de la valeur à vos yeux, je vous invite à l’aborder en faisant le pari de Pascal, qu’il expose dans ses Pensées.
On peut en effet appliquer l’argument du philosophe Blaise Pascal, qui s’interroge sur l’existence – ou non – de Dieu, à notre capacité – ou non – à nous sentir apte à réussir. Non pas à obtenir un succès, mais au minimum à s’en donner les moyens. Il faut dire qu’en plein XVIIème siècle, la peur que le Ciel soit « vide », et la crainte de l’enfer sont des angoisses qui rongent les Chrétiens. Les protestants, un siècle et demi plus tôt, avaient déjà tranché ces questions et établi la place du Salut ! Toujours est-il qu’au terme d’une longue réflexion, Blaise Pascal exhorte ses contemporains à croire en l’existence de Dieu, arrivant à la conclusion que c’est le meilleur choix possible : « (…) Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter. »
Il raisonne en philosophe, en mathématicien, et peut-être même en statisticien. Osons une analogie intéressante. Pascal part d’un postulat, celui de mettre sa vie en conformité avec le but. Pour « gagner son ciel », encore faut-il se comporter en honnête homme, fidèle, humble ou reconnaissant (bon, on lui dit que le Salut est gratuit ?). Mais quel mal y a-t-il à s’être comporté comme tel – de même qu’un étudiant sérieux est amené à réviser, ou qu’un candidat motivé se prépare ? L’investissement de base (bien se comporter, ou réviser, se préparer, s’entraîner…) reste atteignable. Si c’est la condition indispensable pour le paradis (le succès), miser sur l’existence de Dieu (les chances de réussir) s’impose alors. Et ce pari, on peut l’appliquer à nos propres attentes de succès.
Souvent on « n’ose pas y croire ». Parfois par superstition, mais souvent par peur d’être déçu. Or, il n’y a pas d’autre choix que de croire que le succès est possible, que l’on peut s’en donner les moyens.
Pourquoi ?
- Parce que si vous échouez, votre perte est minime puisque vous ne croyiez déjà pas en vos possibilités au départ. Vous serez peut-être déçu ou triste – mais pas plus que vous ne l’êtes actuellement, alors que vous vous répétez quotidiennement que vous n’avez aucune chance – ou que vous êtes nul(le).
- En revanche, si vous réussissez, vous avez tout gagné ! Et mieux, en croyant en vos capacités, vous réussissez avec plus de facilité (puisque vous avez accès à toutes vos ressources, au lieu de laisser le duo amygdale-hippocampe de votre cerveau limbique bloquer tous vos acquis) et aussi avec plus de plaisir !
Etudiants, candidats, croyez-en vous, c’est une stratégie (la seule) qui soit gagnant-gagnant !