S’il est une fable de la Fontaine que j’aime particulièrement, c’est celle du chêne et du roseau. Le chêne, fort imbu de lui-même et confiant en sa capacité à braver les intempéries, s’adresse avec un brin de supériorité au roseau : « La nature envers vous me semble bien injuste. » Il ne tarit pas d’éloges sur sa propre vie et ses mots sont comme une insulte faite au roseau.

Celui-ci ne se laisse pas troubler par la comparaison et répond avec élégance. 

« Votre compassion, lui répondit l’Arbuste,
Part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu’à vous redoutables. 
Je plie, et ne romps pas. »

« Je plie et ne romps pas ».

Combien de fois ai-je déjà cité cette réplique aux gens qui m’entourent ? Il est vrai qu’en tant que Belge expatriée en Allemagne […]