Perla Servan-Schreiber a bientôt 79 ans. Journaliste et femme de presse – elle a notamment créé avec Jean-Louis Servan-Schreiber, qui fut son époux pendant 36 ans, la revue Psychologies, elle a publié en 2017 un ouvrage qui revient sur les moments forts de son existence, mais principalement pour partager les enseignements qui la vie lui a donnés : Ce que la vie m’a appris (Flammarion). Il a été suivi, fin 2021, par un petit opuscule dans lequel elle compile 77 secrets de vie, comme autant de petits aphorismes garants d’une bonne et belle existence, dans ce qu’elle désigne comme « une acceptation joyeuse de la réalité ».

La lecture de ces ouvrages – où la joie, l’amour et la passion de la cuisine tiennent des rôles déterminants – m’a fait penser à celui de Françoise Héritier, le Sel de la vie, que j’avais déjà tenté d’imiter. Il m’a surtout donné l’envie de me poser pour réfléchir à ces constats et convictions que j’avais moi-même pu accumuler, et souvent à la lumière d’expériences, d’emballements – et parfois d’échecs, et qui me servent de guides.

J’ai trouvé cet exercice intéressant et vous incite à le faire pour vous, non pas en une forme d’examen de conscience, mais plutôt pour voir la puissance des ressources qui sont en vous,  et délimiter les contours de ce qui vous ressemble vraiment – dont certaines règles qui sont non-négociables.

Je partage avec vous les 10 leçons qui m’ont paru essentielles jusqu’à présent. Elles donnent à ma vie un cadre que j’ai choisi, et qui surtout me correspond. Perla en a écrit 77, nous avons encore de la marge !

1 – Ne jamais le prendre à titre personnel

Cet aphorisme est directement tiré d’un des « accords toltèques », titre du best-seller de Don Miguel Ruiz, un poids lourd en matière d’ouvrages de développement personnel.
Si les accords toltèques donnent souvent l’impression d’enfoncer des portes ouvertes (dussé-je me fâcher avec le fan club de cet auteur), celui-ci a néanmoins particulièrement résonné en moi.
Ne pas en faire une affaire personnelle ouvre la capacité, dans toute remarque, désaccord ou conflit, de séparer ce qui relève de l’opinion et ce qui atteint l’essence de la personne. Un « accord » particulièrement utile au travail, où il ne faut pas confondre les reproches ou critiques sur la fonction, le projet ou la mission et la volonté de blesser intentionnellement quelqu’un. Cela n’empêche pas les remises en question, ni les ajustements, mais évite de mélanger tous les genres ou d’interpréter des propos. Prendre à titre personnel un échec professionnel menace l’estime de soi, et empêche surtout de pouvoir évoluer, rebondir ou repartir.

2 – Tenir compte du facteur temps

Je déborde d’idées, et je suis d’un tempérament impatient. Imaginer quelque chose me conduit souvent à chercher à le mettre en place rapidement – mais surtout à en obtenir un résultat. Dans le cas contraire, je peux vite être amenée à laisser tomber. Certes, rien ne se fait sans passage à l’action, mais parfois le temps n’est pas venu. On peut avoir raison trop tôt, ou se trouver dans un contexte où tous les éléments ne sont pas réunis pour que cela fonctionne. Parfois il faut savoir attendre, ou même recommencer. Et souvent quand cela prend plus de temps, des éléments nouveaux apparaissent, comme une option inenvisagée ou inexistante au départ.

3 – Les belles personnes attirent les belles personnes

C’est une coach québécoise qui m’avait soufflé ce principe, et j’aime beaucoup cette expression de « belle personne », chère à nos cousins de la non moins Belle Province. Elle répond certainement au gentilhomme de notre XIXème siècle. Une belle personne accorde de l’importance à la portée de ses actes, au sens de ce qu’elle fait, aux valeurs qui sont en cause – et s’efforce de faire de son mieux. Quand on dégage une énergie positive, on a tendance à rencontrer d’autres personnes positives – et on gagne toujours à s’en entourer !

4 – On n’oublie jamais l’enfant qu’on a été

Plus j’avance dans la vie, et plus je réalise que la plupart de mes centres d’intérêt, ou de mes passions, étaient déjà là lorsque j’avais 8 ou 10 ans. Pourtant j’ai fait de multiples expériences ou découvertes, j’ai pris de nouvelles habitudes, j’ai voyagé, fait des rencontres, je me suis éloignée de certains sujets qui me passionnaient et pourtant ce qui revient toujours et qui continue à me faire vibrer, c’est tout ce qui était déjà présent dans mon enfance. Plus je grandis, et plus je reste fidèle à l’enfant que j’ai été.

5 – Mon sommeil, ma force

J’ai la chance de bénéficier d’un excellent sommeil et je fais en sorte que cela continue. Dans de nombreuses circonstances, la capacité à bien dormir a été mon atout majeur, le moyen de récupérer, de refaire mon énergie pour faire face. Toutes les fois où ça secoue dans ma vie, je m’assure de maintenir les conditions d’un bon sommeil. Et si ça n’était pas le cas, j’y travaille en priorité.

6 – Dans l’adversité, ouvrir une fenêtre

Les moments les plus difficiles finissent par passer, mais quand on est au creux de la vague, il est compliqué de s’en convaincre. Aussi, s’autoriser une petite expérience qui apporte de la joie est comme une halte dans la tourmente : rire, prendre un peu de temps pour soi, s’accorder une petite douceur… La situation pénible ne prend pas fin, mais cela aide à tenir et montre qu’il est toujours possible de vivre autre chose, même de manière fugace.

7 – Ce ne sont pas les émotions qui commandent

Un jour, dans un dojo zen où j’étais venue pour une initiation à la méditation, le moine qui nous encadrait affirma : « Vous n’êtes pas vos émotions ». Cette phrase a agi sur moi comme un déclic, qui a entraîné un profond travail sur la connaissance des émotions, et en particulier de la colère dont j’étais une grande familière. Le jour où j’ai compris qu’on pouvait aborder les émotions comme des objets, j’ai pu mieux les accueillir, les comprendre, mais surtout me détacher du filtre qu’elles créent quand on laisse les conséquences de nos états émotionnels prendre toute la place.

8 – Ne pas mettre d’énergie dans ce qui n’en vaut pas la peine

Si mon temps est précieux, mon énergie l’est tout autant. Et je parle non seulement de l’énergie physique mais aussi de l’énergie intellectuelle et émotionnelle, nécessaires pour faire face au quotidien comme à l’inattendu. Je ne puise dans ces réservoirs d’énergie qu’à bon escient. Ceci m’amène donc à refuser les activités potentiellement énergétivores mais non essentielles à mes yeux (sorties imposées, invitations de convenance…). De même que j’ai cessé de vouloir convaincre malgré eux tous ceux qui campent sur leurs positions. Je n’investis pas non plus dans les conflits systématiques, les récriminations, et encore moins dans la manipulation ou la mauvaise foi. Je laisse glisser et je passe à autre chose, histoire de concentrer mon énergie pour ce qui est utile, productif, joyeux, constructif (enfin, dans la mesure du possible !).

9 – Inviter l’humour en toutes circonstances

L’humour apporte autant de légèreté que de prise de recul dans toute situation sérieuse. Il diffère du sarcasme qui peut être blessant et relève plutôt d’une forme d’intelligence de la situation, qui offre la possibilité de prendre de la hauteur. Parfois il aide à briser la glace, dans d’autres moments il permet de reformuler sans vexer, souvent il facilite un changement d’angle.

10 – Faire plus simple

J’ai beaucoup travaillé sur le perfectionnisme et ses pièges, car il s’avère souvent être un faux ami dont on peut sainement s’éloigner. Faire mieux consiste souvent à faire plus simple. Dans beaucoup de domaines de ma vie, j’essaie désormais de simplifier les choses. Que ce soit sur des aspects très matériels (vêtements, courses, repas, tenue de la maison…) que dans l’organisation de mon temps, mes relations amicales, mon couple, mes loisirs… Il s’ensuit généralement une sensation de simplicité et de légèreté, qui incite à continuer dans cette voie.

Alors, quelles sont vos 10 leçons principales à ce stade ? Règle de vie personnelle, citation, phrase entendue d’un proche… N’hésitez pas à les partager avec nous !