Et si au lieu de se plaindre, on apprenait à apprécier ?
Si vous êtes déjà dans la perspective du retour à votre travail, laissant derrière vous la plage, le farniente ou les balades au soleil, il est probable que vos propos soient souvent ponctués de réflexions blasées : c’était bien les vacances, pourquoi c’est déjà fini, j’ai pas envie d’y retourner… Bref, vous reprenez le collier en traînant les pieds et en le faisant largement savoir. Derrière chaque Français se cache souvent un petit Gaulois râleur prompt à pointer ce qu’il n’aime pas, ce qui ne fonctionne pas, ce qui lui manque, et ce qu’il attend d’avoir. Une posture de Calimero qui entretient frustrations et pensées négatives. Or, nous ne réalisons pas toujours ce que nous avons déjà, et surtout, nous oublions souvent de l’apprécier, voire de le savourer. Et la plupart du temps nous tournons en boucle dans une quête incessante de ce qui nous manque, aussi usante pour nous que pour notre entourage.
Dire merci rend heureux
La gratitude est une disposition d’esprit prônée dans de nombreuses religions. Le bouddhisme, l’hindouisme, le judaïsme, le christianisme et l’islam (entre autres) pratiquent la reconnaissance envers Dieu. Car la prière, cette expression plus ou moins muette, n’est pas faite que pour demander. Il est préconisé aussi de remercier pour ce que l’on a. Autant pour ce que l’on possède que pour ce qu’on a obtenu ou réussi – ou tout simplement pour ce que l’on est. Dans de nombreuses églises catholiques (et j’en ai visité des dizaines cet été en Italie !) les ex-voto servent à cela : ils matérialisent la reconnaissance sincère adressée pour une guérison, une vie sauve… La reconnaissance n’est pas une alternative au bonheur (en attendant un monde meilleur), elle peut en être l’essence.
Car la gratitude parle forcément de notre rapport au bonheur : qu’est-ce qui fait que nous nous sentons heureux ? C’est une notion souvent subjective, variable d’un individu à l’autre, voire d’une culture à l’autre. On retrouve néanmoins quelques constantes : il semblerait que ce bonheur soit davantage dans l’être que dans l’avoir. Une évidence ? Peut-être, mais qu’il est bon parfois de rappeler. Dans une Terre dont on épuise les ressources, ça n’est pas tant posséder que vivre qui nous rendra heureux : des expériences, des partages, des échanges… Et cela, en plus, ne coûte rien. Dans un monde où l’on anticipe constamment, la conscience de l’instant présent est également un fort facteur d’équilibre, en appréciant notamment ce que nous vivons d’agréable ou de positif, au jour le jour. Nous sommes déjà tellement « riches » !
Au passage, si vous avez tendance à résumer le bonheur à « avoir plus », je vous invite à découvrir cette vidéo sur Konbini, où une jeune professeure de philosophie évoque des aspects du bonheur en convoquant Montaigne, Pascal…et Aladdin.
La gratitude est bénéfique
Au delà de la bonne conscience, la pratique régulière de la gratitude a des effets psychologiques désormais reconnus sur le sentiment global de bien-être, mais aussi sur le niveau de stress (elle fait baisser le cortisol), d’anxiété et même la dépression. Cela tient en partie au fait qu’exprimer souvent de la gratitude participe à libérer des neurotransmetteurs comme la sérotonine, la dopamine ou l’ocytocine. Leur production a également des répercussions physiques, que ce soit sur la tension artérielle, qui s’équilibre, ou l’immunité, qui se renforce. On peut formuler la gratitude selon ses envies et croyances : à la vie, à l’Univers, au Créateur, aux autres, à soi-même si nécessaire… Or, remercier souvent les autres, leur dire à quel point ils sont précieux, utiles ou importants pour nous les réjouit autant qu’il améliore nos relations sociales. La gratitude est contagieuse ! Vous hésitez encore ?
Comment s’y mettre ?
Le plus simple est de tenir un journal de gratitude quotidien, en notant les chose que l’on a appréciées dans la journée. Tal Ben Shahar, qui a donné pendant des années un cours de bonheur aux étudiants de Harvard (le blog l’avait écouté lors d’un de ses déplacements à Paris), préconise de réaliser – et de noter – chaque soir trois choses qui nous ont rendu heureux. Une routine facile pour commencer.
Mais pour « quoi » remercier ? Pour faciliter les choses, il existe de nombreux challenges faciles à suivre : de 28 jours à 100 jours de gratitude.
Le 15 août sur Facebook, Jaya Bhateja, une coach d’origine indienne, a lancé un challenge « 100 jours de gratitude » (#100daygratitudechallenge2019). Elle propose une thématique par jour sur laquelle travailler sa gratitude : souvenirs d’enfance, activités qui nous apportent de la joie, ami sur lequel on peut toujours compter, ce qui nous a fait sourire ces dernières 24 heures… Pour le suivre, on peut poster ses propres réflexions sur la page Facebook du challenge ou intégrer le groupe WhatsApp créé à cet effet et partager chaque jour un message de gratitude, en lien avec le thème quotidien. Mais on peut aussi plus simplement lire les posts des autres, ce sont déjà des véritables pépites de bien-être. Le fil WhatsApp s’enrichit tout au long de la journée des messages de reconnaissance qui viennent d’un peu partout dans le monde (en anglais, certes, mais tout à fait compréhensibles). Il n’est pas trop tard pour rejoindre la chaîne de la gratitude.
Et merci de m’avoir lue.