Ce mois-ci, les hommes se laissent pousser la moustache pour sensibiliser sur leur santé. Cette drôle d’initiative est née il y a plus de 20 ans en Australie. Le Movember – contraction de moustache et november/novembre – est un mois pour mettre en avant la santé des hommes, et particulièrement le dépistage des cancers masculins. Si porter des bacchantes peut faire sourire, la réalité des chiffres le fait moins.

Un moindre intérêt des hommes pour leur santé

En 2023, on estimait à 433 000 le nombre de nouveaux cas de cancers en France, dont 57 % chez les hommes (soit 245 610 nouveaux cas). Le taux de mortalité est également supérieur à celui des femmes : en 2022, il y a eu 91 503 décès par cancer chez les hommes, sur un total de 164 095. Les cancers les plus fréquents sont ceux de la prostate, du poumon et le cancer colo-rectal, mais le cancer du poumon est responsable de plus de 20 000 décès à lui seul.

Or les hommes ont un suivi de leur santé bien inférieur à celui des femmes. Les statistiques montrent qu’ils consultent moins souvent (3,5 fois par an, contre 5,2 pour les femmes), ils attendent plus longtemps avant de voir un médecin, et plus généralement ils hésitent à parler de leur santé, sujet qu’ils minimisent davantage ou qui leur semble encore tabou.

L’âge médian au moment du diagnostic d’un cancer est de 70 ans chez l’homme (contre 68 ans chez la femme). Alors, pourquoi attendre, quand on peut bénéficier d’un suivi et d’un dépistage précoces ?

Les bonnes pratiques en matière de prévention et de dépistage

La France a mis en place des campagnes de dépistage et des recommandations auxquelles il faut rester sensible. Pour le cancer colorectal, un dépistage organisé est proposé à tous les hommes (et femmes) âgés de 50 à 74 ans, tous les 2 ans avec un test immunologique de sang occulte dans les selles.  Pour ce qui est du cancer de la prostate, il n’y a pas de dépistage systématique, mais un toucher rectal et un dosage du PSA (antigène prostatique spécifique) sont fortement conseillés entre 50 et 75 ans, et dès 45 ans en cas de risque accru, notamment s’il y a des antécédents familiaux.

Les signes à surveiller

À quels signes faut-il être attentif ? Certains signaux d’alerte ne sont pas à ignorer, comme des changements persistants dans le transit (sang dans les selles, apparition de constipation ou de diarrhée persistantes), une toux ou essoufflement qui s’installent quotidiennement chez un fumeur, des troubles urinaires (difficulté à uriner, jet faible, sang dans les urines), des douleurs dans le bas-ventre, une masse ou une boule dure dans un testicule… Mais d’une manière globale, il faut réagir dès l’apparition d’un symptôme persistant sans cause évidente : fatigue inexpliquée, perte de poids, douleur persistante…

Les bonnes habitudes à (re)prendre

Pour un fumeur, s’interroger sur sa santé peut être l’occasion d’envisager une réduction drastique de sa consommation, voire l’arrêt du tabac, ce dernier reste la cause principale de cancer du poumon. De même, limiter la consommation d’alcool, sans attendre le « Dry january » diminue aussi un facteur de risque important. L’activité physique est toujours à privilégier, ne serait-ce que la marche quotidienne. Elle constitue même un facteur de protection. La sédentarité est un fléau qui impacte bien des aspects de la santé (le blog l’avait déjà évoqué). Côté alimentation, il faudrait diminuer les viandes rouges, et enrichir son assiette avec des fruits, légumes et légumineuses riches en fibres.

Ensuite, chacun doit rester attentif à sa santé, et ne pas se répéter que « ça va passer ». Consulter sans tarder ne rend pas malade, mais peut faire la différence. Enfin, oser participer aux dépistages, même si ces gestes médicaux ne sont pas toujours des plus agréables. On en parle à son généraliste, au médecin du travail, ou au pharmacien qui peut délivrer le test de dépistage du cancer colo-rectal… Donner l’exemple permet de briser le tabou.

La prévention passe par l’action. Que vous soyez un homme ou une femme, profitez du mois de novembre pour en parler simplement à votre conjoint, à votre frère, votre père ou un ami et inciter à consulter. Parce qu’agir tôt, c’est augmenter ses chances de guérison.

Pour aller plus loin :

– 0 800 940 939 : numéro vert anonyme et gratuit de la Ligue nationale contre le cancer – accessible tous les jours pour information et orientation

– le site de l’Institut national du cancer – INCa 

– un article : « Comment suivre sa santé quand on est un homme »

– le site de la Ligue contre le cancer, et ses articles « cancers masculins »