Alors que le projet de loi sur la fin de vie suscite de fortes réticences dans le monde médical, le plan de développement de l’offre de soins pour les malades atteints de pathologies graves fait l’objet d’un relatif consensus. La “stratégie décennale des soins d’accompagnement” sera déployée jusqu’en 2034. À terme, le budget annuel qui lui sera consacré atteindra le montant de 2,7 milliards d’euros, précise franceinfo. Mais dès cette année, ce plan doit être appliqué, sans attendre le vote sur l’aide à mourir qui n’aura pas lieu avant 2025, voire 2026.
Le plan d’accompagnement repose sur sept grands axes. Le premier passe par l’ouverture d’unités de soins palliatifs dans les vingt départements qui en sont dépourvus. Onze devraient être opérationnelles dès 2024 et neuf en 2025. Parallèlement, le plan décennal prévoit de renforcer l’offre de soins palliatifs dans les services curatifs où existent déjà des “lits identifiés de soins palliatifs”, notamment en oncologie.
Un virage vers les soins à domicile
La stratégie souhaite également que des unités de soins palliatifs pédiatriques (USPP) voient le jour, dont deux avant la fin de l’année. Pour le moment, il n’en existe pas “alors même que la prise en charge requise par les enfants est différente de celle des adultes et nécessite une organisation dédiée des soins”, précise le document de présentation de la stratégie, lu par franceinfo. D’ici à 2030, il devrait y avoir “une unité par région, soit dix-sept au total”. Aujourd’hui, seul un tiers des enfants ayant besoin de soins palliatifs en bénéficie, souligne le ministère de la Santé.
Pour faciliter un virage vers les soins à domicile, le gouvernement ambitionne de créer 100 nouvelles “équipes mobiles territoriales de soins palliatifs” au cours des dix prochaines années. Il en existe actuellement 412. Elles sont généralement composées d’un médecin, de deux infirmiers et d’un psychologue, et épaulent notamment les professionnels de ville, afin que les patients puissent être suivis à leur domicile. Par ailleurs, il est question de mettre en place un système d’astreinte d’équipes spécialisées, afin de conseiller et de soutenir les médecins traitants. Quant à l’offre d’hospitalisation à domicile, elle doit passer de 70 000 personnes suivies à 120 000 en 2034. Le but de cette stratégie est de renforcer la prise en charge dans les Ehpad et dans les établissements sanitaires et médico-sociaux, où l’offre palliative est souvent limitée, voire inexistante.
Des “maisons d’accompagnement”
Les patients qui ne pourront pas rester chez eux sans pour autant avoir besoin d’une hospitalisation pourront être orientés vers des “maisons d’accompagnement” encore à créer. “Ces structures hybrides permettent d’offrir un cadre adapté et une prise en charge spécialisée à des personnes dont le traitement est stabilisé, et qui ne peuvent ou ne souhaitent rester à leur domicile, notamment quand il n’y a pas d’aidant”, explique le document de stratégie. Huit premières maisons doivent être inaugurées en 2025.
Au-delà du développement des soins palliatifs, le gouvernement veut promouvoir la notion de “soins d’accompagnement”. Et ce, dans le but d’“anticiper la prise en charge des patients dès le diagnostic de la maladie” et de “l’élargir à tous les besoins médicaux et non médicaux, ainsi qu’à l’accompagnement de l’entourage”. Pour favoriser ce suivi précoce, quelque 50 000 patients se verront proposer chaque année un “plan personnalisé” après l’annonce de leur pathologie. Les premières propositions sont attendues dès 2025.
Mieux accompagner les aidants
La stratégie n’oublie pas les aidants, au nombre de 11 millions en France. Il est prévu de leur réserver des consultations spécialisées “à l’annonce du diagnostic” du malade qu’ils soutiennent. L’accès au congé pour aidant doit également être simplifié, et le soutien de psychologues renforcé.
Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement compte déployer “rapidement” un “effort décisif de formation” de “l’ensemble des professionnels” de santé. Pour permettre “l’émergence d’une filière de formation universitaire en médecine palliative”, une vingtaine de postes de chefs de clinique, d’universitaires titulaires et d’assistants spécialistes seront créés chaque année dès 2024. Et un module spécifique consacré aux soins d’accompagnement sera inclus dans la formation des étudiants. Il est aussi question de créer un “diplôme d’études spécialisées de médecine palliative et soins d’accompagnement”. Il permettra de faire de ce domaine une spécialité médicale à part entière.
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