On a appris avec stupéfaction que l’on pouvait encore mourir de la rougeole. Deux décès consécutifs ont été récemment déclarés par les autorités sanitaires du Texas, alors que 600 cas de contamination à ce virus sont déjà officiellement recensés dans cet État. Cette maladie, pour laquelle il existe un vaccin très efficace que l’on administre aux nourrissons, y était quasiment éradiquée en 2020. 

Car la rougeole, comme d’autres maladies virales, ressurgit malheureusement à intervalles réguliers dans nos sociétés. En France, on a ainsi assisté à une épidémie de rougeole entre 2017 et 2018, touchant près de 3000 personnes et faisant trois morts. Celle-ci était due à un trop faible taux de couverture vaccinale – cette dernière s’étendait à 79 % de la population, alors que pour être véritablement efficace, elle doit avoisiner 95 %. Si la situation s’est aggravée par la nomination d’un antivax au ministère de la Santé américain par l’administration Trump, en France, le vaccin contre la rougeole est pourtant obligatoire pour tous les enfants de moins de deux ans. 

Aux États-Unis comme en France, il y a des contestations régulières de l’obligation vaccinale au nom du droit premier à la liberté individuelle. En France, cette obligation, contestée par une QPC en 2015, a pourtant été jugée légale par le Conseil constitutionnel, rendant l’État responsable de la protection de la santé des individus dont il a la charge. 

Mais que peut faire l’État si ses citoyens se défaussent ainsi de leur responsabilité ? En cherchant à protéger égoïstement leur liberté personnelle, ils mettent en danger toute la société. C’est pourquoi il faut encore rappeler que la liberté n’est jamais absolue, et qu’elle est nécessairement limitée par le respect inconditionnel des droits et libertés d’autrui.

Valentine Zuber, historienne, professeure à l’Université, pour « L’œil de Réforme »

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