Les commerçants qui nous attendent comptent bien déclencher en nous des émotions contradictoires.
Petit inventaire des sentiments qui nous traversent :
- le stress : serai-je la première à acheter cette sublime paire de chaussures repérée hier – la dernière en 39 1/2 ? Au fait, 12 personnes qui attendent à la cabine d’essayage, ça fait combien de minutes en moins sur mon déjeuner ?
- la joie, voire l’excitation : ce pull en cashmere fuchsia est sublime, il va faire de moi une femme nouvelle, belle et désirable…
- le déni : et encore un top en soie ! De toute façon, j’ai une carte de crédit à débit différé…
- la déception : il faut se rendre à l’évidence : un 38 taille italienne n’est pas un 42 qui s’ignore…
- la culpabilité : 215 euros, même en soldes, c’est pas trop pour un sac à main ? Tant pis, je le prends quand même…
- le remord : 215 euros de découvert, ça fait combien d’agios ??
- le calcul : et en revente sur E-bay, ai-je une chance d’en tirer 230 euros ?
- la colère : mais pourquoi je l’ai pris en fuchsia, j’ai rien qui va avec ??
Alors, « bonnes affaires », ou pas ? Les soldes ont-elles encore un intérêt quand on nous propose toute l’année remises spéciales, liquidations et autres ventes privées ?
Posons-nous juste un instant pour souffler un peu et réfléchir (ouf !). D’où nous vient cette envie de consommer, alors que nous n’en avons pas forcément « besoin » ?
Où l’on découvre qu’un pull rose donne bonne mine, mais ne change pas la vie. Même en cashmere, je suis toujours la même…et avec une petite dose de culpabilité en plus quand je consulte mon compte bancaire, et un peu de confiance en soi en moins.
Qu’est-ce qui me rassure quand j’achète ? Le psychiatre Christophe André rappelle que « dépenser » est aussi une façon de « dé-penser » : éviter l’essentiel, se détourner de nos préoccupations, penser à autre chose… Quel vide je comble quand je dépense ? (ou quand je mange à l’excès, d’ailleurs). Quelle image je veux donner de moi avec mes accessoires de marque ou mes vêtements ?
Au final, mon porte-monnaie est un peu plus vide, mes armoires un peu plus pleines et mon moral en berne…
Alors, gardez la tête froide… et bonnes soldes !