Cet article inaugure une série que je vous propose pour les vacances, à la découverte d’outils pratiques qui aident à amorcer une évolution. 

Variant delta, retour du port du masque, contraintes sanitaires, limitations de l’accès à certains pays… Décidément, nous n’avons pas de chance ! C’est en tout cas ce que j’entends ou lis de plus en plus souvent. Vraiment ?

Pourtant la chance est là, sous nos yeux, et nous ne la voyons pas. Mieux, elle se cultive – et ça se mérite ! Philippe Gabilliet, professeur de psychologie et de management, auteur d’un ouvrage de référence sur le sujet[i] classe la chance en quatre catégories aux dosages différents entre hasard et volonté :

  • La chance de type 1 est totalement accidentelle, due à un ensemble de causes fortuites. C’est la chance magique, qui relève du pur hasard – celle dont on rêve mais qui est totalement aléatoire.
  • La chance de type 2 est toujours accidentelle mais comporte une part d’action de l’individu. Elle mêle hasard et action.
  • La chance de type 3 présente des circonstances accidentelles qui peuvent receler des opportunités, grâce à l’attention ou à la curiosité du sujet.
  • La chance de type 4 repose sur l’expérience de la personne. Il y aurait ainsi des individus « créateurs de chance » qui fabriquent des opportunités. Ils sont généralement créatifs et libérés du poids du déterminisme.

Il apparaît alors que pour transformer le hasard en occasion favorable, il faut associer trois éléments : une attitude d’esprit, une manière de penser, un comportement… et, dès lors, la chance peut devenir quotidienne.

Il y a un outil qui peut contribuer à repérer et saisir sa chance, c’est de tenir un « journal de chance ».

Non pas un carnet rempli de porte-bonheurs ou autres gri-gris censés attirer à vous la bonne fortune, mais un recueil de vos coups de chance – petits ou grands. Je vous conseille cet exercice pendant les vacances, une période où votre disponibilité d’esprit est meilleure.

La première étape consiste à prendre un cahier dédié, ouvrir une page spéciale dans votre agenda (ou votre bullet journal !) ou encore un fichier note dans votre téléphone.  Et vous allez commencer à noter tous ces petits clins d’œil de la chance qui parsèment votre existence. Vous arrivez en fin de journée et vous n’avez rien noté ? Etes-vous sûr d’avoir bien observé ?

Prenez l’habitude de vous accorder quelques minutes chaque soir pour revisiter mentalement votre journée, vous allez découvrir de petites pépites :

  • vous avez retrouvé un objet que vous croyiez perdu,
  • une amie vous a invité à déjeuner dans un endroit agréable,
  • un projet professionnel vient de vous être proposé,
  • vous avez obtenu le dernier billet disponible pour tel spectacle,
  • votre augmentation a été acceptée sans que vous ayez à vous battre,
  • le plombier vous a envoyé une facture inférieure à ce que vous estimiez,
  • vous avez reçu des compliments sur une de vos réalisations qui a été citée en exemple,
  • vous avez été désignée pour une mission particulière…

De fait, toutes les formes de chance ne sont pas des succès fulgurants ou des victoires inégalées, autant d’événements qui restent exceptionnels. Mais surtout, la poisse ne nous colle pas aux basques non plus. La chance quotidienne est plus fréquente, elle se manifeste de multiples manières, à bas bruit, et est satisfaisante au jour le jour. Elle permet de former des projets plus ambitieux, ou d’avoir des attentes plus élevées, en considérant aussi ce qui nous a déjà été donné, en appréciant ce que nous sommes capables de faire.

Le journal de chance a le mérite de nous ouvrir les yeux, de faire tomber les écailles du pessimisme systématique. Parce que nous sommes habitués à nous focaliser sur ce qui va mal, nous oublions de repérer nos réussites et autres avantages inespérés . La tenue d’un journal rend plus attentif, plus ouvert aux opportunités. Il aide à faire des liens entre les circonstances que nous créons, il favorise la créativité, les associations d’idées – qui débouchent sur de nouveaux potentiels. Non, la chance ne nous tombe par forcément dessus (et si c’est le cas, bien involontairement) mais elle est une disposition d’esprit qui s’entretient. 

[i] Eloge de la chance, ou l’art de prendre sa vie en main, Philippe Gabilliet, ed. Saint-Simon 2012