Selon Béatrice Mabilon-Bonfils, directrice du laboratoire « Bonheurs » de l’université de Cergy-Pontoise, elle se traduit par « l’exploration de nos ressources ». Mais cette force de caractère est-elle innée ou acquise ? Est-il possible de développer cette qualité ?
La résilience : un muscle…
Il faut tout d’abord considérer que la résilience n’est pas une qualité innée; en effet, en 1982, les psychologues américaines Emmy Werner et Ruth Smith ont mené une étude auprès des orphelins d’Hawaï. Seuls 28% de ces enfants s’étaient sortis de la misère en atteignant l’âge adulte. Le psychologue et neuropsychiatre français Boris Cyrulnik explique cette inégalité face aux traumatismes dans son livre Un merveilleux malheur (éd. Odile Jacob) : selon lui, c’est ce qui a été reçu durant l’enfance qui constitue le véritable socle de résilience d’une personne. Ces bases solides, ce que le neuropsychiatre nomme le «facteur de protection» et des «tuteurs de développement», doivent être développées. Grâce à ces bases, ceux qu’il appelle les « blessés de l’âme » entament un « processus de résilience » face aux épreuves.
Durant ce processus, les personnes résilientes se tournent vers des activités socialement valorisées, qu’elles soient artistiques, intellectuelles ou morales. Selon Boris Cyrulnik, la société y gagne puisque «le dévouement à autrui [leur] permet d’échapper au conflit intérieur et de se faire aimer grâce au bonheur qu’[ils] donnent». De même, pour le sociologue Stephan Vanistendael, « la résilience, c’est aussi croître vers quelque chose de nouveau ».
… à développer
Puisqu’il n’y a pas de prédisposition innée à la résilience, le biopsychiatre et chercheur étasunien Dennis Charney propose dix pistes pour la «muscler»: l’optimisme, le sens de la moralité, la spiritualité, l’humour, avoir un modèle, un soutien social, une mission, faire face à sa peur, garder la forme physique et son cerveau occupé. Ainsi, quels que soient les coups durs que nous traversons, tenons bon. Cultivons autant que possible ses facteurs de résilience selon nos goûts et notre force du moment; chaque petit pas compte. Ne dit-on pas que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ? […]