Je m’habitue au goût des baisers de mon mari, je m’habitue à la joie de mes enfants, je m’habitue aux babillements de ma dernière, je m’habitue à mon quartier. Ce qui est habituel se transforme lentement mais sûrement en quelque chose d’ordinaire ou de banal, qui perd la saveur de la nouveauté. J’oublie de regarder ces petites choses du quotidien qui me provoquaient une joie folle, lorsqu’elles étaient nouvelles. Et cette indifférence progressive pour ce qui est ordinaire se transforme même parfois en aversion : je peux alors carrément détester ces choses que je vois tous les jours, et j’ai l’impression qu’elles m’enferment.
J’en suis ainsi venue à détester l’espace de jeu qui est à côté de mon immeuble. Lorsque nous avons emménagé dans le quartier, j’étais pourtant trop contente d’y emmener mes enfants : les jeux y étaient tous neufs et variés, le parc arboré et agréable. Mais j’ai fini par le haïr, ce petit parc. Non pas que les jeux soient devenus nuls ou non adaptés à mes enfants. Le problème, c’est tout simplement […]