L’hyperconnexion au travail est une réalité en France, avec des chiffres accablants* : 31 % des travailleurs français se déclarent hyperconnectés, en particulier en dehors des heures de bureau. En moyenne, un salarié envoie une trentaine de mails par jour, tandis qu’un chef d’entreprise peut en recevoir jusqu’à 331 quotidiennement. 22 % des salariés français se sentent dépassés par le flux constant de notifications, recevant plus de 15 alertes par jour.
Les effets délétères de l’hyperconnexion
Pour un cadre ou un manager, être joignable à tout moment est souvent considéré comme une preuve de performance et d’engagement. Pourtant, cette disponibilité constante engendre des conséquences néfastes sur la santé physique et mentale. Le cerveau, constamment sollicité par les informations numériques, finit par s’épuiser. Il est en « surmenage numérique », ressentant fatigue, baisse de concentration et irritabilité accrue… Il s’y ajoute la perception constante d’un stress chronique, alimenté par la sensation d’urgence créée par les notifications.
Chaque message est vécu comme une injonction à réagir immédiatement, même au détriment de tâches en cours ou – pire – des moments de repos.
Toutefois ce stress est paradoxal car il cohabite avec un besoin impérieux de consulter son téléphone. Cet outil séduisant et addictif exerce un pouvoir puissant sur notre cerveau. Le système dopaminergique de plaisir/récompense est sur-stimulé par le flot des informations qui arrivent, ou que l’on pourrait manquer, créant l’envie de scroller et nous incitant à consommer toujours plus de temps d’écran.
On le sait, les écrans perturbent également le sommeil : la lumière bleue émise par les appareils interfère avec la production de mélatonine, rendant l’assoupissement plus difficile.
Enfin, les interactions familiales ou amicales sont impactées. Passer des moments avec ses amis ou ses proches, tous courbés sur un téléphone, n’a jamais enrichi les échanges ni les relations interpersonnelles.
Aussi, un week-end de digital detox peut être une expérience volontaire difficile mais bénéfique pour couper court à ce cercle vicieux. Inutile de fuir sur une île déserte : il s’agit de réapprendre à vivre sans stimuli permanents, ne serait-ce que 48 heures, pour retrouver équilibre, bien-être, et créativité.
Comment réussir votre week-end digital detox ?
Gardez en tête ce mot d’ordre : faites-vous plaisir ! Le but n’est pas de vivre ces 48h de façon punitive, mais bien de vous donner l’occasion de vous reconnecter à vous-même et à d’autres sensations, à travers des activités ou expériences que vous avez peut-être oubliées. Si vous estimez d’emblée que c’est trop difficile – ou peu réaliste car vous devez pouvoir être joint par des membres de votre famille qui ont besoin de vous, commencez par une demi-journée. Cela vous donnera peut-être l’envie d’aller plus loin dans votre désaccoutumance numérique.
Un week-end sans écran s’anticipe, surtout lorsque l’on est habitué à être connecté et/ou joignable en permanence.
La première étape consiste donc à prévenir son entourage, aussi bien personnel que professionnel. Informer ses collègues de son indisponibilité et programmer une réponse automatique pour les e-mails, ou un message pour son répondeur, sont des préalables qui évitent toute inquiétude ou stress inutiles. Mettez cependant en place un fusible : une manière pour votre entourage de vous joindre, si réellement il se passait quelque chose de grave.
Ceci posé, on va créer un environnement propice à la déconnexion. En premier lieu, il va falloir ranger son téléphone dans un tiroir, voire un lieu difficilement accessible (car, oui, vous allez être de nombreuses fois tenté d’aller le rechercher !) : en haut d’un meuble, dans la cave ou la boite à gants de votre voiture… Pensez aussi à désactiver les appareils domestiques connectés (ordinateur, tablette, TV…).
A présent, vous allez lister les activités qui vont occuper agréablement votre temps et que vous avez envie de faire : vous octroyer une promenade en forêt, plonger dans un livre passionnant – surtout s’il truste le haut de votre pile à lire depuis des mois, participer à un atelier créatif, faire de la cuisine, aller voir une exposition… Faites-vous peut-être un petit planning bien-être, car l’ennui est votre pire ennemi, il vous inciterait à retourner vers votre joujou préféré.
Quelques suggestions qui ne sont ni cumulatives, ni exhaustives :
- Vendredi soir : soirée lecture, série, dessin ou jeu de société…
- Samedi : petit-déjeuner en ne vous consacrant qu’au plaisir de le savourer, ou en écoutant la radio ou bien en discutant avec vos proches, aller au marché, cuisiner pour le reste du week-end, visiter un musée, aller boire un verre dans un endroit « hype » qu’on avait repéré, dîner à l’extérieur ou à la maison avec ce que l’on a préparé, discussion au coin du feu ou autour d’une tisane fumante…
- Dimanche : marcher en forêt, faire du sport, du yoga ou de la méditation, s’immerger dans un bain aux huiles essentielles (la douche, c’est bien aussi !), déjeuner en ayant de vraies conversations, reprendre sa lecture, aller au cinéma, faire une pause dans un salon de thé, bricoler…
Lorsqu’on décide de poser son téléphone pour deux jours, une sensation étrange peut survenir : celle d’avoir plus de temps. Les journées semblent s’allonger, laissant la place à des activités qu’on avait oubliées ou mises de côté. Cette parenthèse numérique est une vraie bouffée d’air frais pour l’esprit.
Le repos cognitif qu’elle induit, loin de nuire à la productivité, la renforce à long terme – de même que la créativité. Et c’est aussi s’envoyer à soi-même un signal clair : le bien-être personnel est une priorité, non négociable, même dans un emploi du temps chargé. Une expérience que vous aurez sans doute envie de renouveler, en devenant un adepte du mediascétisme !
*Sources : Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique, Culture RH