Dans les années 1980, un professeur de psychologie hongrois, Mihaly Csikszentmihalyi, adepte de la psychologie positive, s’intéresse aux facteurs communs repérables chez les personnes qui se décrivent comme heureuses. Il observe que ce bonheur tient à certaines de leurs activités, qui provoquent un état mental particulier. Il baptise alors cet état mental flow (ou état de flux), qu’il considère comme une « expérience optimale ».
La caractéristique de cet état de bien-être est qu’il ne tient pas à la nature de l’activité, mais à la manière dont celle-ci est conduite, et à l’état d’esprit dans lequel on se trouve. Ainsi, même des ouvriers travaillant à l’usine peuvent tout à fait éprouver cet état singulier.
Il comporte un certain nombre de caractéristiques :
- la tâche présente un défi, qui demande une aptitude particulière, mais celui qui la conduit est convaincu d’avoir les compétences pour le faire,
- la personne qui opère est concentrée,
- l’objectif est clairement défini,
- l’activité menée offre un retour sur résultat immédiat et visible,
- la personne est totalement engagée dans ce qu’elle fait, enchaînant les actions sans effort, ni perturbations,
- elle a la sensation de contrôler ses actions,
- elle perd la notion du temps,
- elle se détache de toute préoccupation liée à elle-même.
Cette fluidité vécue fait que les choses que nous accomplissons coulent de source et nous en éprouvons un bien-être simple. Après une activité de ce type, il est observé que la conscience de soi se renforce positivement, de même que la confiance.
L’état de flow s’expérimente souvent par hasard, sans qu’on y fasse au départ attention. Dans ce cas, il est conseillé de « surfer sur la vague » et de profiter pleinement de ce moment. Par la suite, cet état peut être recherché, voire cultivé pour mettre plus de positif dans son quotidien. Il suffit de repérer les caractéristiques propres à chaque personne.
L’expérience optimale est bien connue des sportifs, même amateurs, dont l’intérêt au jeu ou à la compétition et le plaisir de la pratique annihile à certains moments toutes contraintes ou souffrance. Il peut se vivre de manière plus courante en faisant la cuisine, le jardin, en bricolant mais aussi en effectuant n’importe quelle tâche au bureau pour laquelle on a compétence, savoir-faire et que l’on mène de bout en bout sans distractions et avec efficacité. Le résultat provoque de la satisfaction – ce fameux sentiment du travail bien fait – et augmente la confiance en soi, tout en diminuant les ruminations et le niveau de stress.
Il y a certainement déjà des occupations de ce type dans votre quotidien, mais auxquelles vous ne pensez pas car vous les juges trop banales. Considérez au contraire que cela les rend accessibles et que vous pouvez vous faire du bien, même en faisant le ménage ou en rangeant votre armoire.
Pour sélectionner les activités les plus susceptibles de nourrir le flow, on peut tenir compte d’un diagramme qui prend en compte deux axes qui doivent être en adéquation :
- le niveau de compétence de la personne
- le niveau de difficulté du défi à relever
Si le niveau de difficulté est supérieur au niveau de compétence, l’individu ressentira de l’anxiété. Mais si les deux niveaux sont à leur maximum, il percevra ce sentiment de bien-être recherché.
Quelques activités susceptibles de créer du flow (en fonction du niveau de compétence et de l’intérêt de la personne dans le domaine) :
- dessiner, gribouiller, colorier
- écouter de la musique, jouer d’un instrument
- bricoler, jardiner
- coudre, broder, tricoter
- écrire une nouvelle, de la poésie
- lire quelque chose qui passionne, travailler sur un sujet qui a du sens
- jouer, au golf, au tennis, aux échecs
- méditer, prier…
Enfin, l’ennemi du flow, c’est l’apathie, c’est-à-dire toutes les activités subies passivement, comme regarder machinalement la télévision ou consulter par ennui les réseaux sociaux.
Pour aller plus loin :
Vivre, la psychologie du bonheur, Mihaly Csikszentmihalyi, Robert Laffont, 2004
Une conférence TED de Mihaly Csikszentmihalyi : Flow, le secret du bonheur (en anglais, sous-titrages en français).