Quel que soit le moteur de recherche internet que l’on utilise, au mot « yoga » répondra au moins une photo d’une personne assise en tailleur avec le dos droit, les mains sur les genoux, majeurs et pouces joints. Viendront peut-être aussi quelques photos de postures différentes exposant malgré elles un catalogue de leggings variés. Quoi qu’il en soit, cette première impression est intéressante car elle donne un contour à ce que notre société comprend en matière de yoga, soit un accès possible à la plénitude et à la méditation. Comment ne pas y voir alors un caractère spirituel ou religieux fort !
Lorsque j’ai commencé le yoga, voilà dix ans, un petit groupe de paroissiens bien intentionnés a prié pour moi, afin que cette pratique ne me détourne pas de la foi chrétienne. Cela peut prêter à sourire, mais si je n’avais aucune crainte pour ma foi ni même ma vocation, il est vrai que cette pratique m’a très vite rencontrée d’un point de vue spirituel, alors que du yoga je ne pratique qu’un seul des huit piliers : les postures. Mais, comme le souligne B. K. S. Iyengar, l’un des maîtres contemporains du yoga : « Mon corps est mon temple, les postures sont mes prières. » Par cette petite phrase, la partie posturale du yoga se distingue d’un simple exercice de Pilates ou de stretching ! Et à cette petite phrase, mon esprit a entendu celle de Paul aux Corinthiens : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous ? » Il m’a semblé évident que « rendre un culte », c’est bien cultiver sa relation à Dieu, et cultiver son corps en fait tout autant partie que cultiver son esprit.
Je n’ai pas le sentiment d’avoir mieux épanoui ma foi ou changé mon regard, même si elle s’est incontestablement enrichie de la lecture de la Bhagavad- Gita et des Yoga sūtra. Mais j’ai créé un groupe de pratique collective et je constate que, comme pour moi, la pratique du yoga réjouit, interpelle, questionne la vie et son sens, et finalement dans ces échanges où la parole s’invite largement, je crois qu’un petit quelque chose de Dieu se glisse !
Par Noémie Woodward, pasteure