Le temple de Troyes, dont la construction a commencé fin 1857, a été inauguré le 19 mai 1859. Construit de pierre, craie, brique, ardoise et zinc, il imite l’art roman comme beaucoup d’édifices cultuels de la même époque. Bâti sur un plan carré, l’entrée en est monumentale et deux éperons soutiennent une tour carrée au centre.

Le temple étonne par sa modestie et sa nudité, écrit Guy Baron, historien et auteur de l’exposition. L’intérieur du temple est dépourvu d’ornements. Un harmonium, la table de communion, un baptistère en pierre, monté sur roulettes afin de pouvoir être déplacé et que chacun voit le baptisé, sont les seuls meubles. L’agencement est original, l’assemblée se place autour de la chaire, elle entoure la Parole, explique le pasteur Joëlle Wetzstein.

Une histoire tumultueuse

L’exposition, montée en 2009 pour les 150 ans du temple de Troyes, montre que l’impact de la Réforme a été très fort au XVIe siècle dans l’Aube, sans pour autant influencer le clergé catholique. Au culte, il n’est pas rare qu’il y ait 400 auditeurs, parfois 1 000. Pour la première sainte cène, le 14 mai 1559, 20 personnes communient, et à la Pentecôte 1562, près de 900 personnes viennent de partout. La Saint-Barthélemy troyenne, le 15 septembre 1572, met un coup d’arrêt au développement du protestantisme. Les protestants s’exilent à Genève ou Lausanne et la seconde moitié du siècle marque le déclin économique de la région. En effet, les protestants sont en grande majorité marchands (drapiers) ou artisans. À Troyes, il était interdit de construire un temple comme dans toute « ville close » et d’y pratiquer le culte, car il s’agissait d’une « ville épiscopale ». Au XVIe siècle, le culte a lieu chez des particuliers, dans des granges, des cimetières toujours clandestinement. Au XVIIe siècle, deux temples sont construits non loin de la ville, à Landreville et Saint-Mards-en-Othe.

Cette dernière, commune de 650 habitants, située à une trentaine de kilomètres au sud-ouest, a adopté en 1960 une croix huguenote comme blason, attestant du passé protestant. En 1685, la révocation de l’édit de Nantes met fin à l’existence légale des protestants dans le royaume de France et entérine une situation de fait. Leur présence était rendue très difficile par les plaintes constamment déposées contre eux. Les temples de Landreville et Saint-Mards-en-Othe ont été démolis en 1680. À la même période, on ne compte plus que 56 protestants. Les protestants continuent de partir, vers la Suisse mais aussi la Hollande et l’Allemagne.

La reconstruction du XIXe siècle

Depuis la Révolution, le protestantisme n’est plus au ban de la société. En 1840, un pasteur est nommé à Troyes pour la première fois. Jusqu’à présent, il était toujours affecté en dehors de la ville. Cette nomination officialise l’existence d’une Église de culte protestant dans la ville. Le temple est construit 19 ans après ainsi qu’un presbytère. En 1906, la communauté se constitue, en association cultuelle sous le nom d’Église réformée de Troyes et Aube.

Église protestante unie de Troyes et Aube, 1 rue des Comtes de Champagne, 10000 Troyes 03 25 80 02 56 epu.troyes.et.aube@gmail.com