Lorsqu’en juin 1915, le caporal Edmond Cheuva du 43e régiment d’infanterie refuse de participer au peloton qui doit fusiller des soldats russes et arméniens, il justifie son attitude auprès de ses chefs en se référant aux conseils que lui a toujours prodigués Henri Nick, présentement aumônier militaire protestant du 1er CA mais qui est avant tout le directeur de l’œuvre d’évangélisation protestante au sein de laquelle le jeune homme a grandi. Edmond Cheuva est exempté de peloton d’exécution.
Toujours d’une rare richesse, ce troisième tome de la correspondance familiale Nick continue de porter notre attention sur des problématiques diverses, domestiques parfois, protestantes souvent, universelles dans bien des cas.
Le pasteur Henri Nick (1868-1954) est l’une des grandes figures du Christianisme social protestant. Pendant plus de cinquante années, il fait de l’évangélisation populaire dans le faubourg lillois de Fives. Conscient de l’importance du milieu dans la construction d’individualités libres, il se préoccupe aussi bien de la misère sociale que de la situation morale de celles et ceux qui fréquentent le Foyer du peuple.
Aumônier pendant la Première Guerre Mondiale, il s’illustre en 1916 lors des combats de Verdun puis de la Somme, durant lesquels il est blessé, ainsi qu’au Chemin des Dames en avril 1917.
De sensibilité socialiste, sans être un pacifiste radical, il soutiendra les revendications des objecteurs de conscience dans les années trente puis assistera des familles juives persécutées durant la Seconde Guerre mondiale. Il sera reconnu « Juste parmi les Nations ».