Revisiter l’influence de la Réforme à travers la musique : telle est l’invitation du Festival de musiques anciennes de Ribeauvillé. Le rendez-vous incontournable de musique baroque a ancré sa nouvelle édition dans le sillage des 500 ans de la Réforme. « Cet anniversaire était un évènement majeur dans la région et c’était l’occasion de revenir sur un moment historique mal connu du grand public », explique Fabienne Laboulais, présidente de l’événement.

Le Festival de musiques anciennes de Ribeauvillé programme chaque année depuis 34 ans des ensembles vocaux et instrumentaux de toute l’Europe, spécialistes de musique baroque. « Les chefs de ces ensembles fouillent dans les archives et en sortent des pièces jamais jouées par ailleurs à notre époque », souligne Fabienne Laboulais. Les concerts, en majeure partie de musique sacrée, ont toujours lieu dans des églises, «seuls endroits où l’acoustique est adaptée à la musique ancienne ». L’an passé, l’événement a attiré 1500 mélomanes, venus de la région mais aussi de Belgique, d’Allemagne ou du Luxembourg.

« La logique de cette édition était de montrer comment la Réforme et la Contre-réforme catholique se sont répondu et nourries à travers la musique », explique Jean-Sébastien Reuther, l’un des initiateurs du cru 2017. « Avant Martin Luther, la musique lors des messes consistait en une chorale masculine et un orgue. La pratique protestante a abandonné la musique instrumentale pour laisser place aux chants en allemands de l’assemblée tout entière, incluant les femmes. Puis l’orgue est revenu dans les églises luthériennes alsaciennes. Le protestantisme a ensuite réintroduit la musique instrumentale au XVIIe siècle, à travers des compositeurs comme Johann Hermann Schein et Heinrich Schütz. »

« Mettre Luther à la connaissance de tous »

La programmation traversait 200 ans d’histoire de la musique religieuse, du purisme vocal des psaumes de Luther, interprétés par le chœur Josquin Capella, jusqu’aux dialogues enjoués d’altos, violes de gambe, clavecin, violon et traverso des concertos brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach,  dirigés par Bertrand Cuiller. Pour comprendre les relations historiques entre les ascèses protestante et catholique, le philosophe Philippe Choulet a tenu une conférence explicative dans le cadre du festival, fin septembre.

« Quand ce festival de renom nous a consultés il y a un an avant d’organiser une édition entièrement consacrée au thème de la Réforme, nous y avons vu une belle occasion de faire connaître à des gens hors Eglise cette page de notre histoire et de mettre Luther à la connaissance de tous », se réjouit Pascale Schneikert, pasteure de la paroisse de Ribeauvillé. L’église protestante de Ribeauvillé a accueilli deux concerts tandis que deux autres ont été programmés à l’église protestante de Beblenheim. A chaque fois, les paroisses ont conclu la soirée par un verre de l’amitié.