Tournée en quatre plans-séquence incroyables, « Adolescence » nous plonge dans une affaire sordide qui bouleverse la tranquillité apparente d’une petite ville britannique.
À la fois drame et thriller psychologique, la série suit l’histoire de Jamie (incarné par le jeune talent Owen Cooper), un adolescent de 13 ans, arrêté pour le meurtre d’une camarade de classe. Cette trame, aussi glaçante qu’intrigante, est l’occasion d’explorer les thèmes de la culpabilité, de la justice et de la perte d’innocence, dans une société où l’adolescence devient le théâtre de tensions morales et sociales.
Dès le premier épisode, la série s’ouvre sur la scène dramatique de l’arrestation de Jamie, cet adolescent à l’air innocent mais profondément perturbé. Très vite, le spectateur est happé par une enquête qui soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Le meurtre de sa camarade de classe sert de fil conducteur à un récit où chaque personnage semble dissimuler des secrets. L’histoire interroge sur la fragilité de la jeunesse et sur la manière dont des événements tragiques peuvent déformer la perception que l’on se fait d’eux. Jamie, accusé d’un crime terrible, devient le point focal de toutes les inquiétudes de la communauté, mais également de la violence et des jugements qui s’abattent sur lui.
Si le mystère autour du meurtre reste au cœur de l’intrigue, Adolescence explore les failles du système judiciaire lorsqu’il est confronté à des mineurs, mais aussi les répercussions psychologiques d’une accusation aussi grave sur un adolescent en pleine construction identitaire. Le personnage de Jamie est fascinant dans sa complexité. Owen Cooper livre une prestation saisissante, rendant chaque émotion palpable, de la confusion à la terreur, en passant par les moments de déni ou de révolte. La série évite de le figer dans le rôle de l’innocent ou du coupable, laissant planer une ambiguïté qui fait toute la richesse du récit. Est-il véritablement responsable de cet acte impardonnable ou est-il, lui aussi, une victime des circonstances ? Chaque épisode apporte des éléments nouveaux, jetant le doute sur les apparences.
Un des aspects marquants de la série est la manière dont elle met en lumière l’écart générationnel entre Jamie et les adultes qui l’entourent. Les parents, joués par des acteurs d’une justesse remarquable, en particulier le père interprété par Stephen Graham, oscillent entre désarroi, colère et impuissance face à ce fils qu’ils ne reconnaissent plus. Le père tente désespérément de maintenir l’unité familiale, tandis que la mère se perd dans sa culpabilité et ses regrets.
La série soulève une question troublante : à quel point connaissons-nous réellement nos enfants ?
Cette question devient une angoisse permanente pour les parents de Jamie, mais aussi pour les professeurs et les policiers, qui peinent à comprendre ce qui a pu mener un jeune garçon à un acte aussi radical.
Visuellement, Adolescence se distingue par une esthétique froide et minimaliste, qui accentue le sentiment d’isolement et de désespoir. La petite ville britannique, avec ses rues grises et ses maisons étouffantes, devient un personnage à part entière, renforçant l’impression que chaque mouvement de Jamie est surveillé, que chaque recoin cache un danger ou un secret. La bande sonore, discrète mais toujours présente, accompagne ce malaise croissant. Enfin, comment ne pas être époustouflé par l’aspect technique de la réalisation qui construit chacun des 4 épisodes en un seul plan séquence exceptionnel ?
Une vraie performance qui donne une couleur dramatique tout à fait unique à cette série transformant le récit en une immersion irrespirable au sein d’une famille, d’une école et d’un commissariat dont les repères se fissurent face à ce crime juvénile. Avec Adolescence, Netflix signe une mini-série captivante et dérangeante. La série, à la fois intime et universelle, invite à réfléchir sur les conséquences tragiques que peuvent avoir les non-dits, la violence sous-jacente des relations adolescentes et l’incapacité des adultes à véritablement écouter les jeunes. C’est un thriller psychologique qui vous tiendra en haleine jusqu’au dernier épisode, avec cette question obsédante : Jamie est-il coupable, ou est-il lui-même une victime d’un monde qui ne lui a jamais donné sa chance ?