« Regarder l’horizon pour accéder au divin ». Telle était la philosophie d’Anna-Eva Bergman (1909-1987). Immense artiste injustement restée dans l’ombre de son époux, Hans Hartung, cette femme éprise de nature et habitée par la foi fait enfin l’objet d’une monographie dans une grande institution en France. Née à Stockholm, elle débute avec des caricatures et des toiles figuratives, avant de basculer dans la pure abstraction à l’aube des années 1950. Ses plus beaux tableaux, empreints de spiritualité, évoquent avec une infinie poésie des mondes célestes (planètes, étoiles…) dans une esthétique qui n’appartient qu’à elle. Marquée par l’Italie où elle découvre les chefs-d’œuvre à fond d’or de Fra Angelico et les mosaïques de Ravenne, elle a l’idée d’utiliser dans sa peinture des feuilles de métal (or, argent, aluminium, cuivre) qui donnent à ses compositions une luminescence propice à la méditation. « La foi en l’existence de ce que l’on ne voit même pas, et de bien d’autres choses encore, est l’essence même de l’art », disait-elle. Le musée d’Art moderne de Paris réunit près de deux cents œuvres de toutes les époques, entre peintures, dessins et gravures.
Nourrie des paysages norvégiens de son enfance, Anna-Eva Bergman est véritablement « entrée dans la lumière » sous le soleil de la Méditerranée. Entre 1933 et 1935, elle vit à Minorque avec Hans Hartung (qui sera considéré dans les années 1940 comme le père de l’abstraction lyrique). Puis, après avoir divorcé et s’être remariés, ils se font construire en 1973 une villa sur […]